Festival « Peinture fraîche » : 4 hectares de street-art

Le festival international de street-art au si joli nom qui avait cartonné l’an dernier avec ses 53000 visiteurs, revient pour la 5e fois cette année dans un lieu littéralement gigantesque, les usines Fagor.

Le festival au si joli nom qui avait cartonné l’an dernier avec ses 53000 visiteurs, revient pour la 5e fois cette année dans un lieu littéralement gigantesque, idéal pour des œuvres murales démesurées, les anciennes usines Fagor. Situées dans une friche industrielle de 15000 m2, ces usines seront le théâtre en direct live de l’expression artistique internationale la plus contemporaine avec des performances de street-artistes.

C’est de 11 octobre au 5 novembre 2023 à Lyon, facilement accessible des Lyonnais, des Rhônalpins comme des voyageurs en train.

Un retour aux sources du street-Art

En rendant hommage aux légendaires « Writers » et « Graffiti artists », ces artistes des rues dont les messages codés et les lettrages ont redéfini l’art urbain, le festival « Peinture Fraîche » 2023 nous replonge dans les toutes premières origines du street-art. Il met en lumière les intrications cachées derrière ces lettres souvent indéchiffrables du projet 5POINTZ. Les murs de l’usine Fagor se parent ainsi des couleurs et de l’énergie du légendaire 5Pointz, grâce au talent de 83 artistes internationaux, nationaux et locaux.
Le « Graffiti park » : une plaine de créativité urbaine
Une des attractions majeures du festival est ce Graffiti Park, un espace extérieur de 7000 m2 entièrement dédié à l’expression artistique et à la liberté de création. Découverte, divertissement et même initiation au graffiti y prennent vie sous le soleil de l’été indien et lyonnais. On se régale des artistes à l’œuvre, on échange avec eux et même, même, pourquoi pas se lancer et laisser votre propre trace sur les murs.

Des fresques performances réalisées en live

Chaque semaine, le festival « Peinture Fraîche » réservera des surprises totalement inédites, qui seront réalisées en direct. Deux artistes se livreront à une performance, peignant au gré de leur inspiration les immenses surfaces murales des œuvres qui grandiront sous nous yeux comme un arbre poussant en quelques jours.

« L’Art révélé » à l’intérieur des bâtiments de l’usine

Le festival ne se limite pas aux murs extérieurs. À l’intérieur des bâtiments de l’usine, vous trouverez des installations artistiques tout aussi impressionnantes. L’artiste Roomattack vous fera découvrir « L’Art Révélé », création qui risque fort de vous émerveiller. L’artiste Disek vous emmènera dans un « Graffiti Voyageur » à travers des paysages urbains imaginaires. Et en plus immersive, il y a les œuvres en réalité augmentée de l’équipe bien nommée « Peinture Augmentée ».

Plus qu’une expo, un making in

Bien plus qu’un simple événement artistique, le Festival « Peinture Fraîche » est une célébration de la créativité, de la diversité et de l’innovation. Pour les funs de street, le régal d’un concentré, et pour les néophytes, les ignares, les curieux, une initiation bienvenue.

Le street-art à Lyon, une histoire qui court

À l’occasion de ce festival exceptionnel, on peut souligner que le street-art a embrassé Lyon avec passion et une créativité hétérogène. Avant lui, il y avait un art mural très institutionnel, avec les fresques des murs peints, dans toute la ville, et notamment des œuvres phares comme le mur des Canuts et le mur des Lyonnais. Puis le « street-art », libre, sauvage, échappant à toute direction, a débordé depuis la fin du siècle dernier sur les murs des Pentes de Croix-Rousse, ceux du 7e et du 3e, dans le Vieux Lyon et sur les parapets des autoroutes périphériques.

Le festival en pratique

Ce festival est l’occasion parfaite de s’immerger dans le monde touffu et si dynamique du street-art. Rendez-vous aux usines Fagor, à Lyon du 11 octobre au 5 novembre 2023.

DATE

Du 11 octobre au 5 novembre 2023

LIEU

Anciennes Usines Fagor-Brandt 163 rue de Gerland, 69007 Lyon

Totalement accessible aux PMR

HORAIRES

  • mercredis et jeudis : 11h – 18h
  • vendredis : 11h – 22h30
  • samedis : 10h – 22h30
  • dimanches : 10h – 19h
  • fermé lundis et mardis

TRANSPORTS

Métro B : Debourg Tram T1 : Debourg Tram T6 : arrêt Challemel Lacour Artillerie

Bus 34 & 64 : arrêt Gabriel Rosset

Le street-art à emporter de Jalb38

Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’Art davantage encore que le street-art himself.

Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Jalb est un street-artiste atypique, un rural qui pratique plutôt un « Campagn’art ». Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’ « Art » davantage encore que le street-art himself.

Son baptême street-art, Jérôme Albertin, artiste, prof et frais quinqua, l’a reçu banette à la main, sortant de sa boulangerie, le 15 août 2018. Sur le mur d’en face, lunettes sur la tête, un portrait au pochoir de Walter White, le méchant de Breaking Bad. Le choc, le bouleversement lui tombent dessus. En trois secondes, il saute du cheval de trait du dessin classique sur le bronco du street. « Voilà quelqu’un qui se fait pas chier, se dit-il sobrement alors à propos de l’auteur du pochoir. Plutôt que d’attendre la possibilité hypothétique d’exposer, il le fait. » La frustration du long temps entre les expos, Jérôme Albertin connaît bien, surtout dans sa campagne avec une seule galerie où il doit tout de même espacer ses apparitions.

Portrait au pochoir der Jalb38

Bob Marley, le premier portrait au pochoir de Jalb en 2018 écoulé à plusieurs dizaines d’exemplaires autour de Crémieu.

Jalb a repris son Bob Marley à de nombreuses occasions, y compris à l’acrylique.

Il rentre comme un fou chez lui avec l’irrépressible désir de faire pareil. Ce sera le portrait de Bob Marley. Il taille son premier pochoir. Il a fait refaire son carrelage voici peu et il a plein de morceaux de cartons 40 par 40 idéaux pour mener ses essais et valider sa première créa. Mais le prof et le quinqua au moment d’aller bomber in the street, auf der Straße, on the wall, dans la rue, se rebellent contre l’artiste.

« J’ai 52 ans passés, je me retrouve con. Et puis, ce n’est pas mon truc de dégrader. »

C’est là qu’intervient son épouse, étonnée depuis son retour de la boulangerie de le voir dans cette folie soudaine et inhabituelle, qui lui suggère d’exposer ses cartons d’essais.

Deuxième bouleversement pour Jalb !

Jusque là, il faisait du portrait au pastel gras ou sec, au crayon de couleur, et, quand il avait assez d’œuvres il faisait une expo, où, en échange d’un don à une association malgache dont il fixait le montant à ses œuvres, il donnait ses œuvres. Et voici que cette technique du carton apposé au scotch épargne dans les endroits les plus passagers de Crémieux et des environs lui permet de tout court-circuiter entre lui et ses spectateurs. C’est le scotch qui fait la différence parce qu’il se décolle « Il y a interaction : 1/ quelqu’un passe et voit mon œuvre 2/si ca l’intéresse beaucoup, il l’arrache et 3/ il peut la réutiliser chez lui… certains la recollent ailleurs, je l’ai déjà vu.» 60 cartons de Bob Marley partent aussitôt, du jamais vu pour Jalb qui n’avait jamais envisagé possible de toucher autant de monde avec son travail. « Avec le pochoir, t’as qu’à te servir, j’ai l’avantage de la reproductibilité. »

Détournement publicitaire de Jalb38. Les scotchs de fixation sont nettement visibles sur cette photo. Le support est du simple papier peint.

Sa démarche est pratiquée aussi par l’artiste parisien Alex Tréma. Dans les villes où il passe, il a commencé à New-York, il dépose 24 pièces de l’une de ses œuvres enfermées dans une pochette calque où il écrit « Take me » qu’il scotche dans les rues et les lieux publics. Seule « obligation » pour les passants qui les récupère, envoyer une photo, un poème, autre chose à Alex Tréma sur l’œuvre mise en scène dans son nouveau contexte. Comme le dit Charlélie Couture qui a offert un de ses dessins à Alex Tréma pour l’un de ses « Take me » :

L’idée étant de rompre le schéma de consommation de l’ART, comme une denrée abstraite, mais plutôt de considérer celui-ci comme un moyen de créer un lien entre les êtres.

Charlélie Couture

Hommage à Simone Veil sur l’abri bus du lotissement du château à Villemoirieu, près de chez Jalb : « Une femme déportée qui a servi son pays, l’Europe et le droit des femmes françaises ! Merci, c’est bien le minimum que l’on puisse lui dire même post mortem. »

La vie artistique de Jalb bascule. Sa vie dans le 3-8 aussi avec les autorités iséroises. Les gendarmes venus acheter leur pain dans la même boulangerie le pincent alors qu’il scotche en face. Un vrai paradoxe dans cette ville zone historique, donc sans pub. Il se contraint à ne plus utiliser que les panneaux libres. Il négocie avec les maires de Crémieux et de son village pour utiliser d’autres espaces libres. Comme les abris-bus.

Les politiques flippent quand il peint Simone Weil en réaction aux tags antisémites sur les portraits de celle-ci à Paris, par le street-artiste C215. En fait, ils ont peur des dégradations. « Au début du vingtième siècle, les murs étaient un mode d’expression majeur. D’ailleurs, l’État utilisait les murs pour sa propagande, entre autre anti-juif. Ça a disparu après la deuxième guerre, quand on a voulu faire du lisse. Mais c’est revenu, on n’a pas pu le contenir, c’est un juste rappel des origines. »

Jalb, rouleau de scotch épargne à la main, à l’un des principaux lieux d’affichage des pentes, au croisement rue Burdeau et montée de la Grande-Côte : « J’affiche en plein jour. Je dis aux gens qu’ils peuvent se servir. Je discute avec eux. »

Jalb franchit le boulevard Laurent Bonnevay quelques mois plus tard pour se lancer à l’assaut des pentes de Croix-Rousse, l’eldorado rhônalpin du street-art. Il se sent timide alors, complexé face aux signatures lyonnaises prestigieuses. Mais il font connaissance. Sa démarche détonne. Lui affiche à vue, en plein jour, discute avec les passants.

Mais, relativise Jalb, « Je suis un artiste de pacotille. J’ai une situation confortable, je fais de l’élaboré. » Il veut disant cela parler de sa démarche d’artiste réalisant l’essentiel de son travail en atelier. Il lui est arrivé de créer une Frida Kahlo façon Vermeer, avec 15 couleurs, une gageure par rapport aux pochoiristes qui bombent dans la rue.

Frida Kahlo en jeune fille à la perle par Jalb 38

15 couleurs différentes pur ce Frida Kahlo en jeune fille à la perle, un pochoir sophistiqué de Jalb38.

Puis il découvre Instagram en 2019. Ce qui lui permet de contempler ses œuvres accrochées chez les gens, qui lui en envoient des photos dans leur appartement.

Depuis le 15 août 2018, son circuit artistique s’est considérablement raccourci, comme un maraîcher rejoignant une AMAP, du producteur au consommateur, du champ à la cuisine. Il n’était pas du tout préparé à ça, il n’a aucune formation artistique. Initialement, il a appris le dessin technique industriel au Rötring, à l’encre du Chine et à la mine 5H, ce qui lui a appris la rigueur. Il a fait de l’art en marge de sa carrière de prof, du dessin et des expos, jusqu’à tourner en rond, jusqu’à cette Assomption du 15 août, quand les portes automatiques de sa boulangerie se sont ouvertes sur un nouveau monde. Et c’est un avantage artistique, il débarque novice dans ce milieu à forte culture. Sa toute première influence lyonnaise sera le pochoiriste @by_dav_ l’auteur des gélules de Prozac moulées en plâtre sur les murs sous-titrées du slogan ironique « Are you ready to be happy ». La démarche de Jalb est-elle aussi marquée par la politique, « citoyenne », revendique-t-il, « C’est un exutoire, c’est ce qui me motive le plus. »

Jalb38

Jalb détourne des pubs, comme ce Just Eat qui l’a scandalisé. Surtout, son goût ancien du portrait se manifeste pleinement dans les figures écologistes et humanistes qu’il appose, juxtapose, transpose en planches épurées, en galeries mondialistes, en manifestes.

Gretha Thunberg par Jalb38

Sa simplicité apparente frappe souvent à l’essence et c’est elle qu’on emporte avec l’une de ses affiches pour la recoller chez soi, comme ce pur Gretha Thunberg ou ce Mandela dont chaque ride est un sillon, un fleuve, un rire, ou encore cette pochette de Number of the beast d’Iron Maiden.

Évocation par Jalb38 de selon ses mots « l’une des meilleures pochette de 33t des années 80 : Number of the beast de Iron Maiden illustré par Derek Riggs« 

Dix-huit mois après sa conversion, Jalb est un artiste heureux. Et pas que. « J’ai complètement changé de vie. Pas seulement artistiquement. En terme d’élan. J’ai tout un territoire à explorer. » Il travaillait lorsque je l’ai interviewé sur un pochoir à partir d’un extrait d’une photo d’ours du célèbre photographe animalier Paul Nicklen, que depuis il a fini pour le bonheur de ceux qui l’emporteront chez eux.

Depuis janvier 2020, écriture de ce portrait de lui, @Jalb38 a poursuivi l’affichage de son abondante œuvre sur les murs de Lyon, entre autres, parfois en réaction immédiate à l’actualité, comme cet hommage à Robert Badinter paru le 15 février 2024 rue des Pierres Plantées, moins d’une semaine après la mort de l’ancien ministre de la justice de François Mitterrand, auteur de la loi d’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février, 81 ans exactement après la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, le 9 février 1943, où fut déporté Simon Badinter, son père, déporté et assassiné au Centre d’extermination de Sobibór. Jalb aime rendre hommage aux belles figures humaines.

Gilles Bertin

Jalb38, pochoir à partir d’un extrait d’une photo de Paul Nicklen, pochoir qui est un aussi un hommage au street-artiste C215, engagé et doué pour représenter les bêtes à poils.


Photos : Toutes les photos de cette page sont de Jalb38, avec son autorisation, y compris la photo en haut de page de l’une de ses œuvres de mise en abyme.

Street-art : Zoo Art Show, 2ième édition d’une expo intensément intéressante

Bonne nouvelle : l’expo ZOO a si bien marché pour sa 1ière édition en 2018 qu’elle revient cette année.

Ouverture : 29 juin au 4 août 2019 — samedis et dimanches de 14 à 18h. Entrée gratuite


Créé en 2018, Zoo Art Show avait été un formidable succès avec 35000 visiteurs. Il revient cette année, dans le même lieu, au 61 rue de Créqui, Lyon 6ième, dans un ancien bâtiment de la Croix-Rouge en attente de restauration.

Rappelons qu’en 2018, l’exposition avait accueilli sur deux étages des œuvres créées à même les murs, de 40 artistes reconnus de Lyon, Paris, Toulouse, Rennes. Kalouf, Birdy Kids, Agrume, etc. Les deux organisateurs étaient Antoine Roblot et Philippe Reichsrath, fondateur d’une entreprise privée culturelle.

Ils relancent donc cette année leur concept, en faisant tabula rasa, l’expo 2019 n’a rien à voir avec celle de 2018. Les œuvres sont toutes nouvelles et les espaces et scénographies refaites. Un troisième étage d’expo a été ajouté. Ainsi qu’un bar. Et c’est toujours gratuit.

Une expo à ne pas rater.

Agrume, 2018
Birdy Kids, 2018
Kalouf, 2018

Notre visite guidée Street-art à Lyon

Notre rubrique street-art à Lyon


Zoo, 61 rue de Créqui, Lyon 6ième — 29 juin au 4 août 2019 — samedis et dimanches de 14 à 18h — tous les week-ends, entrée libre.

La maison taguée des pentes transformée en résidence de luxe et parking privé ?

C’est une maison bleue adossée à la colline
C’est une maison taguée qu’on assassine

C’est une maison bleue adossée à la colline
C’est une maison taguée qu’on assassine

Bouygues fait de la publicité pour une résidence de luxe sur les pentes de Croix-Rousse, avec 40 places de parking privé. C’est ce qu’ont découvert voici peu, avec stupéfaction, les habitants du quartier de la célèbre traboule des Voraces et de la place Colbert. Leur attention avait été attirée par un permis de construire affiché en bas de la rue Diderot, comme la loi l’oblige. Permis accordé par la mairie centrale de Lyon. Ceci sans aucune concertation avec la population. Ni aucune information. Alors que le site a une grande valeur écologique et culturelle. Et que la mairie aurait pu préempter. Il est à la fois un îlot de verdure sur le flanc abrupt de la colline et le lieu d’une des maisons les plus connues des pentes, au coin des rues Diderot et Pouteau, la maison taguée.

La maison taguée des Pentes, au coin des rues Diderot et Pouteau
« Avant », la maison taguée des Pentes, au coin des rues Diderot et Pouteau

C’est ce que l’on appelle une maison d’architecte. Bouygues aurait fait à ses propriétaires « une offre que l’on ne peut pas refuser ». Il s’agit d’une construction récente, 2009, originale, un cube de béton surmonté à l’étage d’une structure et bardage en bois, que la végétation recouvre progressivement, comme on peut le voir quand on descend de la place Colbert. Et dont la base est entièrement taguée.

Maison taguée de l'angle rue Pouteau et Diderot, côté végétation
« Avant », maison taguée de l’angle rue Pouteau et Diderot, côté végétation

Le projet de Bouygues, avec l’assentiment de la mairie dirigée par Gérard Collomb, pose au moins trois problèmes aux habitants de ce quartier à la topologie et l’architecture singulières. La continuation de la bétonisation à l’heure où il faudrait inverser la tendance, remettre de la verdure dans la ville, pour freiner, voire arrêter, la montée des températures. La continuation de la gentrification du quartier, pour quelques privilégiés et leurs automobiles, et de la montée des prix des logements, on a dépassé les 5000€ le m². Et la continuation de l’aseptisation du bâti, le remplacement de maisons fofolles avec une histoire par du béton lisse.

Affichette apposée sur la maison taguée reprenant un visuel du projet de Bouygues
Après, le projet de résidence de Bouygues repris sur une des nombreuses affichettes apposées sur la maison par les opposants au projet.

Les habitants du quartier commencent à se regrouper pour essayer d’arrêter ce projet. Le classique groupe Facebook a été créé. Il s’appelle « Les pentes contre Bouygues », voici le lien. Une réunion a lieu mardi 25 juin.

Beaucoup d'affichettes sur la maison taguée
Beaucoup d’affichettes sur la maison taguée

Rappelons que le magnifique jardin de la Grande Côte voisin, à 50 mètres, devait lui aussi devenir un ensemble de résidences privées, après que les maisons du lieu aient été détruites dans les années 70 par Zizi béton, surnom donné au maire Louis Pradel, fou de béton et auteur d’une des plus grandes erreurs urbanistiques françaises du 20ième siècle, la gare de Perrache, dans le prolongement du tunnel de Fourvière.

Affiche des années 70 du comité de défense de la Croix-Rousse

Les luttes sur les pentes ont alors été très fortes. Occupations, enchaînements aux bâtiments pour empêcher les démolitions, manifestations pour arrêter les pelles mécaniques, théâtre de rue, mise en scène des conseils municipaux. Cette mobilisation a démontré qu’autre chose que la gentrification était possible, un bel endroit de vie collective, de ressourcement, planté de mûriers rappelant l’histoire de la soie, qui attire des gens de tout Lyon et des touristes, entouré de crêches et de jeux d’enfants nichées dans la verdure. Un jardin qui a valorisé à long terme le quartier pour ses habitants et tous les Lyonnais. Démolir la maison taguée, ne pas utiliser l’espace voisin en espace vert, serait plus encore dévaloriser ce quartier que le dévaliser.

Réunion contre le projet de résidence : mardi 25 juin à 20h15, à la Marmite Colbert, juste à côté, au 7 rue Diderot

maudite__marde, nouvelle street-artiste à Lyon : injures d’amour en couleurs

Florale, rousse, scabreuse, maudite marde vient de surgir sur les murs des pentes et du plateau de Croix-Rousse ce début 2019. Ses collages à la ligne précise, coloriés comme l’étaient les décalcomanies des Malabars ou les emballages Kréma, sont très féminins, et adossés à des mots grossiers. D’enthousiasme, dès avoir vu son travail Montée de la Grande-Côte et rue de Crimée, je lui ai demandé via son compte Instagram maudite__marde une interview.

maudite__marde : Criss de fatiguant
Croisement rue de Crimée et rue Jean-Baptiste Say

L’anonymat, d’abord ? Question de base pour chaque street-artiste, de pair avec le choix de son blase. Maudite__marde le revendique, elle aussi. Le secret. Elle en a même fait un jeu, une sorte de test, pour voir si on la reconnaît ainsi dissimulée. Elle est devenue street-artiste de fil en aiguille, n’étant pas du tout graphiste, me jure-t-elle, mais photographe. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a fait la rencontre de cet art de rue, en accompagnant les grafeurs la nuit, elle trouvait intéressant d’avoir des photos de l’acte lui-même, le moment de la réalisation sur place, dans la nuit. Voici deux mois, en décembre, elle a basculé de l’autre côté, collant sur un mur l’une de ses photos, sous son nom de photographe. Et de là, l’idée de « poser », comme elle dit, les coloriages qu’elle commençait alors de faire. « Je découvre, explique-t-elle, mon talent de coloriste. Et, ajoute-t-elle à propos de ses références tatoo, J’aime, j’ai des tatouages, je fais des photos de tatouage. Je me suis dit que j’allais mettre de moi dans les personnages de ces réalisations. Leur chevelure rousse, leur rouge à lèvre roux, leurs tatouages, ce sont les miens. »

maudite__marde : trou d'cul
Sous l’esplanade, en haut de la montée de la Grande-Côte

Juxtaposé à ces portraits de femmes, des mots inconnus ou grossiers : Criss d’épais, Criss de fatiguant, Oste d’crisse. Ils m’avaient d’abord emmener vers des références à la crise économique. Elle rit au téléphone, « Ce sont des injures ! Des injures québécoises ! Elles sont si drôles. Et en plus, avec leur accent ! J’avais envie de juxtaposer l’image douce d’un visage avec des injures, pour parler autrement de l’amour. C’est une réponse aux mots d’amour qu’il y partout, une réponse que je veux mettre dans la rue. » Et pour la Saint-Valentin ? Rien, répond-elle, il faut être accompagnée… et de toute façon, on n’a pas besoin d’une occasion, il faut dire je t’aime tous les jours à ceux que l’on aime. Il y a une forme de romantisme, reconnaît-elle, dans sa démarche de présenter autrement l’amour.

maudite__marde : Oste d'crisse mon tabarnak
Sous l’esplanade, en haut de la montée de la Grande-Côte

Maudite marde n’est jamais allée au Québec, mais rêve de le visiter. Vous avez deviné que son nom d’artiste maudite__marde n’est pas une référence à Rabelais, mais elle aussi une injure québécoise. Quoique… Le québécois étant resté proche du français de l’époque de Rabelais.
Continuera-t-elle sa très jeune carrière de street-artiste ? Elle ne sait pas, tant que ça lui plaira, oui. Elle prépare une nouvelle série. Avec des portraits d’hommes cette fois. On peut la voir en ce moment vers le Nombril du monde, dans l’escalier entre le passage Mermet et la place Chardonnet, rue Flesseyle vers le Lavoir public, sous l’esplanade de la montée de la grande-côte, rue de Crimée, au bout de la rue de l’Alma côté Bon Pasteur, où il y a cette si jolie vue de Lyon. Et sur Instagram sous son nom d’artiste.

maudite__marde : Maudite Marde


Photos : Gilles Bertin, Lyon visite, Droits réservés

Street-art pop’ulaire, ouverture de Offside gallery du collectif Birdy Kids au Grand Stade

Birdy Kids a été dès 2010 un symbole pop culture avec ses oisillons smileys et joufflus aux couleurs acides sur les murs des échangeurs et le long des autoroutes autour de Lyon. Un art de rue ludique que les deux « GM » créateurs de ce collectif, Guillaume et Gautier Mathieu, ont installé au contact de madame et monsieur tout le monde, en dehors des quartiers gentrifiés de l’hypercentre.

Birdy Kids, à l’école Poyat, source Wikipédia — By Coline42 [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from Wikimedia Commons

Les deux frères continuent aujourd’hui dans cette démarche avec l’ouverture d’une galerie dévolue au street-art dans un lieu extrêmement populaire, le Grand Stade de l’Olympique Lyonnais, à Décines.

Clin d’oeil au foot, elle s’appelle Offside Gallery.

Son inauguration a lieu ce 6 octobre.

Cette ouverture suit deux autres initiatives qui ont rencontré le succès public : l’ouverture de la galerie street-art SITIO de l’association Superposition près de Perrache et l’exposition ZOO cet été dans le 6ième.

Les artistes exposés à l’Offside Gallery sont : JEF AEROSOL / BIRDY KIDS / DOURONE / GREMS / GRAFFMATT / DAN23 / AGRUME / MANTRA / ZEST / MIOSHE / MLLE TERITE / MONSTA / SHAKA / VEKS VAN HILLIK / VERA / MAXIME IVANEZ

Offside Gallery : https://www.offsidegallery.com

Grand Stade, Décines — Entrée gratuite, parvis porte F

L’affiche de l’inauguration de Offside Gallery le 6 octobre au Grand Stade de Lyon

 

 

Le prix de la chasse

Une œuvre street-art apparue au lendemain de la démission de Nicolas Hulot… et disparue aussi vite. Symbole de la schizophrénie de notre communauté ?

article mis à jour

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018

Entre la réunion chasse à l’Élysée lundi 27 après-midi, la dém’ de Hulot mardi matin en direct sur France Inter et ce vendredi soir 31 août, l’œuvre photographiée ci-dessus aura tenu au maximum deux trois jours.

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018

Éphémère durée symbole de la tectonique schizophrénique à l’œuvre dans notre communauté, tant au gouvernement que dans ces deux voitures stationnées, place Bellecour à Lyon, ironiquement devant la statue de Saint–Ex et une station Vélo’v, ce mercredi après-midi, deux hommes à leurs smartphones dans leurs habitacles, moteur tournant pour alimenter leurs clims.

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018Œuvre non signée

Cette œuvre à base de cartouches de ball-trap ce vendredi soir disparue comme le sincère ministre de la transition écologique. Vous avez remarqué­ ? Elles sont tournées vers le bas, comme le pouce de César, aux arènes.

Localisation : haut du passage Mermet, Lyon 1er

Photographies : Gilles Bertin, 31 août 2018

 

Ememem mine des bitcoins de rue jusqu’à la pointe des fleuves

Ememem la joue avec des carreaux façon mosaïque, carrément carrelage, comme il y a deux mille ans, ici même, à Lugudunum et surtout à Vienne, quand la mosaïque était un art. La beauté de son travail questionne le paysage citadin.

Article mis à jour en novembre 2018,  avril et mai 2019 avec de nouvelles photos d’œuvres

Mozilla mosaïque, carrément carrelage, Ememem mine des bitcoins de rue. On avait entendu parler de lui, on avait croisé quelques unes de ses mosaïques de carreaux, incrustées entre bitume, grès et ciment, on avait apprécié, sans aller plus loin, sans aller au bout de sa piste carrelée d’éclats brisés. Mais une après-midi, disposant de deux heures et errant rue des Capucins, on est entré au 7, dans un passage qui nous attirait, qui n’est pas un passage mais une impasse, juste après Le complexe du rire. Puis nous n’avons cessé de le croiser dans Lyon, jusqu’à la pointe de Confluence, où Rhône et Saône se mêlent.

Les mosaïques street-art de Ememem jusqu’à la pointe de Confluence

Ememem a eu l’idée géniale de taguer l’un des lieux les plus symboliques de Lyon, au confluent, Là où les eaux se mêlent, pour reprendre le titre d’un poème et d’un recueil de Raymond Carver, Where water comes together with other water. Et de le faire à la toute pointe, en aval du déconstructivo-cyclopéen musée des Confluences, chargé de présenter histoire naturelle, de l’homme et des civilisations.

Des rails plongent dans l’eau à la pointe du confluent, comme si l’ancienne voie PLM s’était enfoncée là et continuait sous l’eau jusqu’à la Méditerranée. Des branchages mêlés apportés par les eaux commencent à recouvrir le pavage de cœurs d’Ememen, que des archéologues retrouveront dans quelques siècles, comme une couche de plus de cette ville entre deux eaux.

Mosaïque du street-artiste Ememem à Confluence, confluent du Rhône et de la Saône
Mosaïque du street-artiste Ememem à la pointe de Confluence, là où se mêlent Rhône et Saône, photo 10 mai 2019

Ememem, rue des Capucins, pentes de Croix-Rousse

7 rue des Capucins, Lyon
7 rue des Capucins, Lyon

Je vous en prie, allez-y, allez au 7 rue des Capucins, nom d’un ancien ordre religieux, les pentes de la colline qui travaille étaient couvertes de jardins, de vignes et de monastères au 18ième. Entrez au 7. Au fond. Ce n’est rien mais c’est beaucoup. Comme une veine aurifère. Un filon de tungstène. Un sentier vers des âmes joyeuses. Un fléchage vers un monde de gnômes et de lutins. Une électrocution sous vos semelles. Ememem !

Ememem
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018

Ememem

Il y a des carreaux « miroir » où se reflètent la mosaïque d’en face.

Ememem

Attaque au sol, attaque des murs, des pavés, avec les mêmes armes bitumées, mais colorées. Ememem, nom d’artiste, « Aime aime » aurait écrit l’écrivain catho Gilbert Cesbron qui voyait l’amour partout, comme Yves Duteil et Francis Cabrel. Mais Ememem la joue question au paysage citadin normé, ceci sans un mot moralisateur, avec des carreaux façon mosaïque, carrément carrelage, comme il y a deux mille ans, ici même, à Lugudunum et surtout à Vienne, quand la mosaïque était un art, bien avant Mozilla.

Entrez au 7 rue des Capucins, c’est de l’art de rue mineur, du discret, du Pierre Michon, du Raymond Carver, qui dessinent des traits de foudre dans les ciments. C’est l’art. C’est beau dans le sol carapaçonné que ça déchire. C’est Ememem.

Les mosaïques de Ememem, boulevard des Canuts

Photos de septembre 2018

Ememem, « flacking » boulevard des Canuts, après Monoprix, photo GB du 28 septembre 2018
La géographie découle toujours du territoire, on en a encore la preuve ici, le flacking a la géographie du bitume — Ememem, photo GB du 28 septembre 2018
Ememem, "flacking" boulevard des Canuts, après Monoprix, photo GB du 28 septembre 2018
Matériaux étonnants pour ce flacking, différents des mosaïques précédents, Ememem, photo GB du 28 septembre 2018

D’autres mosaïques street-art d’Ememem

Nous en découvrons sans arrêt, voici des photos d’avril 2019.

Ememem, "flacking" dans le virage sous la place Colbert, au début des escaliers vers la montée Saint Sébastien
Ememem, « flacking » dans le virage sous la place Colbert, au début des escaliers vers la montée Saint Sébastien
Ememem, "flacking" place Colbert, vers les escaliers au nord-est de la place
Ememem, « flacking » place Colbert, vers les escaliers au nord-est de la place
Ememem, "flacking" place Bellevue vers le fort
Ememem, « flacking » place Bellevue vers le fort
Ememem, "flacking" au croisement des rues d'Algérie et Lanterne
Ememem, « flacking » à même la chaussée au croisement des rues d’Algérie et Lanterne

 

La mère nature était là, avant le Jardin des plantes — Une sculpture du street-artiste « Green vegetal world »

Boticellienno-écolo-érotique. Allez lui rendre visite ! La sculpture est vissée sur une souche, couleur bois, un noir corbeau sur son épaule, le long du sentier qui traverse le Jardin des plantes, en bas des pentes de la Croix-Rousse, près de l’amphithéâtre des Trois-Gaules. On pense au poète Höderlin. Tellement femme végétale que ton regard, toi la passante ou le passant, ne peut s’en détacher. Une femme enlacée d’une liane, symbiose humano-végétale. D’un érotisme magnifié dans son développement, peau tachée de grands pétales mauves.

Statue « Green vegetal world » jardin des plantes Lyon

L’œuvre est remarquable dans sa facture comme dans son installation, sur cette souche datant peut-être d’avant le jardin des plantes, au 19ième siècle. La légende qui y est gravée : MOTHER NATURE WAS HERE. Il est vrai que la nature fut là, voici longtemps. Il en reste les grands arbres autour.

Statue « Green vegetal world » jardin des plantes Lyon

Tu t’arrêtes. Tu en fais le tour. Tu as envie de la toucher. Est-elle sculptée dans du bois, de l’argile, imprimée en 3D ? Non, quand tu cognes de l’index replié dessus, elle sonne creux et tu devines qu’elle est dans ce carton-pâte utilisé pour les modèles à peindre que l’on trouve chez Rougié&Plé. Un travail d’abeille charbonnière qui laisse admiratif. Le piédestal porte la signature de son ou sa créateur, le/la street-artiste « Green vegetal world ».

Le street-art à Lyon est essentiellement sur les murs, hormis les inclusions de mosaïques d’Ememem dans les trottoirs et cette statue de « Green vegetal world ». À voir vite !

Nos visites guidées Street-art avec nos guides spécialisés

Notre itinéraire Street art, graff et graffitis des pentes de la Croix-Rousse


Localisation : Jardin des plantes, rue Lucien Sportisse, Lyon 1er

L’artiste sur facebook : @greenstreetart

et sur Instagram : @gree_vegetal_word

 

 

 

Big Ben, street-artiste, dans les yeux de Bowie

« Se cacher, c’est la liberté », explique Big Ben qui refuse d’être pris en photo pour cet entretien. Il signe avec la silhouette totémique de la célèbre tour londonienne, qu’il insère subtilement dans ses œuvres, presque cachée, tel Alfred Hitchcook traversant subrepticement ses films.

Le fils de l'homme, Big Ben — Détournement de l'oeuvre éponyme de Magritte
Le fils de l’homme, Big Ben — Détournement de l’œuvre éponyme de Magritte

Ce pseudonyme, Big Ben, il en parle comme d’un « blaze ». Quasi un blason. C’est que son nom mural, que le mur soit de briques ou facebookien, est consubstantiel de chaque street-artiste. Comme pour les rappeurs. Ce Big Ben est un jeu de mots avec le surnom que tout le monde lui donne dans la vie, Ben, pour Benoît. Nous n’en saurons pas plus de son identité.

Un autre moyen de préserver sa liberté, plus tangible encore, est son job rémunéré. Qu’il ne veut pas nous dévoiler non plus. Il s’est permis récemment de refuser une juteuse offre de Publicis pour réaliser une affiche publicitaire. « Chaque homme a son prix », ajoute-t-il encore, pour appuyer fort sur son choix artistique.

big ben street art syndromeLe street-art subit aujourd’hui une grosse vague de récupération, récupéré, recyclé et réhabillé par le marketing. Il y a par exemple cette marque de yaourts qui, pour lancer son nouveau magasin de laitages hypes auprès des néos Croix-Roussiens, a collé des vaches en mousse à 3 mètres de hauteur dans « 14 lieux emblématiques du quartier ». Ces ruminants sympathiques sont loin du Trump adressant un doigt d’honneur à la planète signé par Big Ben, effacé deux jours après par les équipes de nettoyage de la municipalité. Ou de son portrait d’Eminem, réputé comme Trump pour sa grossièreté, rue de la Tourette, œuvre vite effacée elle aussi. La Tourette est le nom de la maladie qui fait prononcer à ses victimes des litanies de gros mots et d’injures. Oui, Big Ben adore les détournements. De toutes sortes. Car il cherche le cœur des passants. Ainsi rue Neyret, dans les pentes de la Croix-Rousse, où les célèbres et troublants yeux faussement vairons de David Bowie vous regardent au bout de la rue.

Les yeux de Bowie par Big Ben, rue Neyret, Lyon

Lors du départ de notre Cher Johnny pour le grand ailleurs, Ben lui a rendu hommage en l’équipant d’une paire d’ailes d’ange et de la guitare de Jimi Hendrix en feu à ses pieds, souvenir des passages de ce dernier en 1966 en première partie des concerts de la future superstar nationale.

Johnny, Big Ben

Des hommages-détournements, Big Ben en a commis de nombreux : Magritte, Gainsbarre, Cabu, Cupidon, Keith Haring, Stallone (quai Rambaud, of course),  la sorcière de Blanche-Neige croquant la pomme Apple, des soldats chinois sur le sol de la chaufferie de l’Antiquaille en piratage de la Biennale d’Art Contemporain.

Big Ben aime aussi les nus, particulièrement en hiver, ils réchauffent. Ce début 2018, il travaille autour d’Ingres. « Ingres, c’est massif, pas de chute de reins. Et c’est subtil, en même temps, ce qui donne une ampleur à sa peinture. » Une façon de révéler les critères de beauté d’aujourd’hui en mettant côte-à-côte les deux peintures, la sienne et celle de l’auteur de La Baigneuse et du Bain turc. Peindre des femmes en chair à l’époque où la mode impose le filiforme est un contrepied de la part de Big Ben, comme l’est le street-art, l’une des rares alternatives aux visuels publicitaires omniprésents sur les murs des villes.

Soshanna, Welcome in Lyon, Big Ben
Soshanna, Welcome in Lyon, Big Ben

Big Ben peint sur du papier, dans son atelier. Des grands formats souvent. Parfois les dupliquent. Fait du pochoir. Puis enfin les colle publiquement. Un grand collage ça prend du temps, explique-t-il, il faut choisir des heures propices pour que l’opération réussisse. Sous-entendu des heures où il  risque peu de croiser la police, qui lui ferait retirer illico. Moments très courts par rapport au reste du temps de réalisation de l’œuvre, mais moments excitants quand elle va enfin dans la rue.

S’il colle à Bordeaux, Nîmes, Strasbourg, c’est surtout Lyon où il vit qui est son terrain de jeu. Arrivé voici vingt ans, il a tout de suite aimé la ville, les traboules dont il faut passer les portes, ce charme caché pour faire croire que l’on est pauvre. Lyon a une cinquantaine de galeries, mais les collectionneurs n’achètent pas encore, les street-artistes demeurent des tireurs isolés.

Le funambule - Big Ben
Le funambule – Big Ben

Depuis 2011 et ses premiers collages, Big Ben a eu quelques expos. La prochaine est en avril mai 2018, au Canet. Un conservateur lui a commandé des fresques. Ce sera un moyen de financer son travail. Mais aussi et surtout une reconnaissance artistique.

Gilles Bertin


Pour retrouver Big Ben : https://www.facebook.com/bigbenstreetart/