Le street-art à emporter de Jalb38

Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’Art davantage encore que le street-art himself.

Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Jalb est un street-artiste atypique, un rural qui pratique plutôt un « Campagn’art ». Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’ « Art » davantage encore que le street-art himself.

Son baptême street-art, Jérôme Albertin, artiste, prof et frais quinqua, l’a reçu banette à la main, sortant de sa boulangerie, le 15 août 2018. Sur le mur d’en face, lunettes sur la tête, un portrait au pochoir de Walter White, le méchant de Breaking Bad. Le choc, le bouleversement lui tombent dessus. En trois secondes, il saute du cheval de trait du dessin classique sur le bronco du street. « Voilà quelqu’un qui se fait pas chier, se dit-il sobrement alors à propos de l’auteur du pochoir. Plutôt que d’attendre la possibilité hypothétique d’exposer, il le fait. » La frustration du long temps entre les expos, Jérôme Albertin connaît bien, surtout dans sa campagne avec une seule galerie où il doit tout de même espacer ses apparitions.

Portrait au pochoir der Jalb38

Bob Marley, le premier portrait au pochoir de Jalb en 2018 écoulé à plusieurs dizaines d’exemplaires autour de Crémieu.

Jalb a repris son Bob Marley à de nombreuses occasions, y compris à l’acrylique.

Il rentre comme un fou chez lui avec l’irrépressible désir de faire pareil. Ce sera le portrait de Bob Marley. Il taille son premier pochoir. Il a fait refaire son carrelage voici peu et il a plein de morceaux de cartons 40 par 40 idéaux pour mener ses essais et valider sa première créa. Mais le prof et le quinqua au moment d’aller bomber in the street, auf der Straße, on the wall, dans la rue, se rebellent contre l’artiste.

« J’ai 52 ans passés, je me retrouve con. Et puis, ce n’est pas mon truc de dégrader. »

C’est là qu’intervient son épouse, étonnée depuis son retour de la boulangerie de le voir dans cette folie soudaine et inhabituelle, qui lui suggère d’exposer ses cartons d’essais.

Deuxième bouleversement pour Jalb !

Jusque là, il faisait du portrait au pastel gras ou sec, au crayon de couleur, et, quand il avait assez d’œuvres il faisait une expo, où, en échange d’un don à une association malgache dont il fixait le montant à ses œuvres, il donnait ses œuvres. Et voici que cette technique du carton apposé au scotch épargne dans les endroits les plus passagers de Crémieux et des environs lui permet de tout court-circuiter entre lui et ses spectateurs. C’est le scotch qui fait la différence parce qu’il se décolle « Il y a interaction : 1/ quelqu’un passe et voit mon œuvre 2/si ca l’intéresse beaucoup, il l’arrache et 3/ il peut la réutiliser chez lui… certains la recollent ailleurs, je l’ai déjà vu.» 60 cartons de Bob Marley partent aussitôt, du jamais vu pour Jalb qui n’avait jamais envisagé possible de toucher autant de monde avec son travail. « Avec le pochoir, t’as qu’à te servir, j’ai l’avantage de la reproductibilité. »

Détournement publicitaire de Jalb38. Les scotchs de fixation sont nettement visibles sur cette photo. Le support est du simple papier peint.

Sa démarche est pratiquée aussi par l’artiste parisien Alex Tréma. Dans les villes où il passe, il a commencé à New-York, il dépose 24 pièces de l’une de ses œuvres enfermées dans une pochette calque où il écrit « Take me » qu’il scotche dans les rues et les lieux publics. Seule « obligation » pour les passants qui les récupère, envoyer une photo, un poème, autre chose à Alex Tréma sur l’œuvre mise en scène dans son nouveau contexte. Comme le dit Charlélie Couture qui a offert un de ses dessins à Alex Tréma pour l’un de ses « Take me » :

L’idée étant de rompre le schéma de consommation de l’ART, comme une denrée abstraite, mais plutôt de considérer celui-ci comme un moyen de créer un lien entre les êtres.

Charlélie Couture

Hommage à Simone Veil sur l’abri bus du lotissement du château à Villemoirieu, près de chez Jalb : « Une femme déportée qui a servi son pays, l’Europe et le droit des femmes françaises ! Merci, c’est bien le minimum que l’on puisse lui dire même post mortem. »

La vie artistique de Jalb bascule. Sa vie dans le 3-8 aussi avec les autorités iséroises. Les gendarmes venus acheter leur pain dans la même boulangerie le pincent alors qu’il scotche en face. Un vrai paradoxe dans cette ville zone historique, donc sans pub. Il se contraint à ne plus utiliser que les panneaux libres. Il négocie avec les maires de Crémieux et de son village pour utiliser d’autres espaces libres. Comme les abris-bus.

Les politiques flippent quand il peint Simone Weil en réaction aux tags antisémites sur les portraits de celle-ci à Paris, par le street-artiste C215. En fait, ils ont peur des dégradations. « Au début du vingtième siècle, les murs étaient un mode d’expression majeur. D’ailleurs, l’État utilisait les murs pour sa propagande, entre autre anti-juif. Ça a disparu après la deuxième guerre, quand on a voulu faire du lisse. Mais c’est revenu, on n’a pas pu le contenir, c’est un juste rappel des origines. »

Jalb, rouleau de scotch épargne à la main, à l’un des principaux lieux d’affichage des pentes, au croisement rue Burdeau et montée de la Grande-Côte : « J’affiche en plein jour. Je dis aux gens qu’ils peuvent se servir. Je discute avec eux. »

Jalb franchit le boulevard Laurent Bonnevay quelques mois plus tard pour se lancer à l’assaut des pentes de Croix-Rousse, l’eldorado rhônalpin du street-art. Il se sent timide alors, complexé face aux signatures lyonnaises prestigieuses. Mais il font connaissance. Sa démarche détonne. Lui affiche à vue, en plein jour, discute avec les passants.

Mais, relativise Jalb, « Je suis un artiste de pacotille. J’ai une situation confortable, je fais de l’élaboré. » Il veut disant cela parler de sa démarche d’artiste réalisant l’essentiel de son travail en atelier. Il lui est arrivé de créer une Frida Kahlo façon Vermeer, avec 15 couleurs, une gageure par rapport aux pochoiristes qui bombent dans la rue.

Frida Kahlo en jeune fille à la perle par Jalb 38

15 couleurs différentes pur ce Frida Kahlo en jeune fille à la perle, un pochoir sophistiqué de Jalb38.

Puis il découvre Instagram en 2019. Ce qui lui permet de contempler ses œuvres accrochées chez les gens, qui lui en envoient des photos dans leur appartement.

Depuis le 15 août 2018, son circuit artistique s’est considérablement raccourci, comme un maraîcher rejoignant une AMAP, du producteur au consommateur, du champ à la cuisine. Il n’était pas du tout préparé à ça, il n’a aucune formation artistique. Initialement, il a appris le dessin technique industriel au Rötring, à l’encre du Chine et à la mine 5H, ce qui lui a appris la rigueur. Il a fait de l’art en marge de sa carrière de prof, du dessin et des expos, jusqu’à tourner en rond, jusqu’à cette Assomption du 15 août, quand les portes automatiques de sa boulangerie se sont ouvertes sur un nouveau monde. Et c’est un avantage artistique, il débarque novice dans ce milieu à forte culture. Sa toute première influence lyonnaise sera le pochoiriste @by_dav_ l’auteur des gélules de Prozac moulées en plâtre sur les murs sous-titrées du slogan ironique « Are you ready to be happy ». La démarche de Jalb est-elle aussi marquée par la politique, « citoyenne », revendique-t-il, « C’est un exutoire, c’est ce qui me motive le plus. »

Jalb38

Jalb détourne des pubs, comme ce Just Eat qui l’a scandalisé. Surtout, son goût ancien du portrait se manifeste pleinement dans les figures écologistes et humanistes qu’il appose, juxtapose, transpose en planches épurées, en galeries mondialistes, en manifestes.

Gretha Thunberg par Jalb38

Sa simplicité apparente frappe souvent à l’essence et c’est elle qu’on emporte avec l’une de ses affiches pour la recoller chez soi, comme ce pur Gretha Thunberg ou ce Mandela dont chaque ride est un sillon, un fleuve, un rire, ou encore cette pochette de Number of the beast d’Iron Maiden.

Évocation par Jalb38 de selon ses mots « l’une des meilleures pochette de 33t des années 80 : Number of the beast de Iron Maiden illustré par Derek Riggs« 

Dix-huit mois après sa conversion, Jalb est un artiste heureux. Et pas que. « J’ai complètement changé de vie. Pas seulement artistiquement. En terme d’élan. J’ai tout un territoire à explorer. » Il travaillait lorsque je l’ai interviewé sur un pochoir à partir d’un extrait d’une photo d’ours du célèbre photographe animalier Paul Nicklen, que depuis il a fini pour le bonheur de ceux qui l’emporteront chez eux.

Depuis janvier 2020, écriture de ce portrait de lui, @Jalb38 a poursuivi l’affichage de son abondante œuvre sur les murs de Lyon, entre autres, parfois en réaction immédiate à l’actualité, comme cet hommage à Robert Badinter paru le 15 février 2024 rue des Pierres Plantées, moins d’une semaine après la mort de l’ancien ministre de la justice de François Mitterrand, auteur de la loi d’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février, 81 ans exactement après la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, le 9 février 1943, où fut déporté Simon Badinter, son père, déporté et assassiné au Centre d’extermination de Sobibór. Jalb aime rendre hommage aux belles figures humaines.

Gilles Bertin

Jalb38, pochoir à partir d’un extrait d’une photo de Paul Nicklen, pochoir qui est un aussi un hommage au street-artiste C215, engagé et doué pour représenter les bêtes à poils.


Photos : Toutes les photos de cette page sont de Jalb38, avec son autorisation, y compris la photo en haut de page de l’une de ses œuvres de mise en abyme.

Festival Têtes de Bois 2020, marionnettes et jeune public à Villeurbanne pour les guignol.es en herbe

Magie des marionnettes, de l’animation, du théâtre et du conte. Un festival pour les petits, voire les tout-petits, à partir de 3 ans ! Un festival qui en est à sa 23ème édition ! Espace Tonkin à Villeurbanne. Du 22 janvier au 15 février.

Magie des marionnettes, de l’animation, du théâtre et du conte. Un festival pour les petits, voire les tout-petits, à partir de 2 ans ! Un festival qui en est à sa 23ème édition ! Un festival sans écrans. Espace Tonkin à Villeurbanne. Du 22 janvier au 15 février.

Teaser du festival Têtes de bois 2020

Les spectacles sont inspirés par Le Petit Prince, par Prévert, par un grand-père à barbe, par Chagall. Les compagnies s’appellent « Drolatic », « La boîte à trucs », « Haut les mains », « Mercimonchou », « Docteur Troll »… tout un programme, déjà.

Un balcon entre ciel et terre — Compagnie Mercimonchou
Un balcon entre ciel et terre — Compagnie Mercimonchou

Véronique Desroches qui en est la créatrice (et qui s’en va cette année) expliquait en 2013 dans une interview à notre confrère Grains de sel :

Les marion­nettes sont des projec­tions de nous-mêmes qui nous entraînent très loin. Elles sont des média­teurs qui peuvent tout se permettre, au-delà des conven­tions. Elles sont aussi capables de toutes les méta­mor­phoses et nour­rissent notre imagi­naire.

Grains de Sel, mensuel lyonnais des familles, en 2013

C’est que, s’il s’agit de spectacles pour les petits, ils abordent des grands sujets de la vie. Quelles sont nos origines à chacun ? Comment vivre avec les autres ? Le besoin de l’eau pour la vie. Le besoin de rêver pour grandir. Le besoin d’avoir des saltimbanques, des créateurs et des animateurs de marionnettes, comme il y eut à Lyon, Laurent Mourguet, l’inventeur de Guignol, raconté par l’écrivain Paul Fournel dans son dernier livre, Faire Guignol.

Rendez-vous avec les marionnettes, Espace Tonkin, à Villeurbanne, pour rêver et grandir ensemble.


Espace Tonkin, avenue Salvador Allende, 69100 Villeurbanne — 04 78 93 11 38
Du 22 Janvier au 15 février 2020
Tarif : 7€

Programme en ligne : la page du festival

Image du haut : compagnie Drolatic industry

L’imposte rococo du 3 rue Sainte Marie des Terreaux

Un lecteur de Lyon Visite nous a contacté avec cette question :

J’ai une question historique et je ne sais pas à qui la poser…
J’ai observé un magnifique imposte / un dessus de porte en fer forgé au 3 rue Sainte Marie des Terreaux dans le 1er, à quoi correspondait ces dessins : nom de société ou encore propriétaire ? Sait-on les dater ?
Sauriez-vous m’indiquer quelqu’un qui pourrait me répondre ce ces points ?

Merci d’avance, cette question m’obsède depuis trop longtemps !

Richard
Au 3, rue Sainte-Marie-des-Terreaux, tout en bas des Pentes, à leur démarrage derrière la place des Terreaux, aux premiers escaliers. Photo M. Berthelon CC BY-NC-ND 2.0

À vrai dire, nous avions déjà remarqué cette imposte, sans aller plus loin. Cette rue et la rue Sainte Catherine voisine recèlent tellement de choses, par exemple cette plaque hommage aux 86 juifs raflés le 9 février 1943 par la Gestapo, 80 ont été déportés, dont 3 seulement sont revenus.

Cette imposte du 3 rue Sainte Marie des Terreaux est effectivement remarquable, quelque chose d’Art nouveau et en même temps d’ésotérique.
Le guichet des savoirs de la Bibliothèque municipale de Lyon souvent très documenté sur des sujets pointus n’avait rien à nous proposer sur l’histoire de cette imposte. Nous avons posé la question sur Instagram et Facebook.

C’est le guide Artnfact qui nous a apporté sur Instagram un bon début de réponse, au moins des éléments de contexte de l’époque. Selon lui :

Au regard des autres impostes à monogramme de style rocaille du quartier, cette imposte doit dater de la 1ère moitié du XVIIIe siècle. 

Ici, on aperçoit deux C et un R entrelacés. Les initiales sur les impostes sont celles du maître d’ouvrage (commanditaire) de l’immeuble.

Artnfact, Instagram

Le style rocaille est mieux connu sous le nom Rococo. Le fond Pointet aux Archives Municipales de Lyon pourrait selon Artnfact donner le propriétaire de l’époque. CR ? ou CCR ? L’imposte voisine est toujours selon lui mieux connue :

L’imposte au 5 rue Sainte-Marie-des-Terreaux est dans le même style rocaille et est due à son ancien propriétaire Charles Vial, maître serrurier et propriétaire de l’immeuble de 1739 à 1758.

Concluons donc sur un nouvel appel à qui saurait. Mais l’important est d’avoir attiré notre attention et la vôtre sur ces impostes rococo. Merci à Richard et à Artnfact. Levons la tête, fièrement, vers les hauts des portes. Portes d’ailleurs qui dans ce quartier du bas des pentes sont souvent remarquables, emblèmes de richesse de leurs copropriétaires d’alors.

Visite guidée d’Autun, de sa cathédrale, des monuments gallo-romains

Visitez Autun, sa cathédrale romane et son tympan réputé mondialement. Découvrez le très riche patrimoine gallo-romain d’Augustodunum,soeur et émule de Rome.

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Jean-Paul, guide-conférencier et passionné d’Autun et d’histoire, vous guidera. Inscrivez-vous ci-dessous pour obtenir plus d’informations sur sa visite. Il vous contactera.

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Votre guide

Jean-Paul devant l’original du chapiteau de la cathédrale La fuite en Égypte sculpté par Gislebertus au 12ième siècle.

Jean-Paul est guide conférencier agréé par le Ministère de la Culture. Passionné d’art, d’histoire, d’architecture et de technique, de formation scientifique, il vous propose une approche à la fois analytique et basée sur ses connaissances autour de la pensée, la spiritualité, l’histoire des arts, qui ont tous leur importance dans cette ville de plus de 2000 ans d’histoire, siège d’un évêché et d’une cathédrale romane importante. Sous ces différents angle d’analyse, il vous permettra de découvrir Autun et son patrimoine autrement, que vous soyez néophyte ou très averti.

Votre visite

Vous pourrez la composer avec Jean-Paul selon ces thématiques :

  • Monuments gallo-romains
  • Cathédrale
  • La ville du Moyen-Age à maintenant.

Durée : 2 heures

Point de départ : à décider en commun