Fête des lumières 2021, nos 5 coups de cœur — Retours sur une fête douce

5 coups de cœur : retours en photo et en vers libres sur les animations marquantes de la fête des lumières 2021.

Douce, végétale, cousue main, onirique et ondoyante, sobre et lyrique, réaliste et métaphorique. La fête des lumières 2021 est une belle réussite, moins techno, plus organique que les fêtes précédentes. Grégory Doucet, le premier maire écolo de Lyon, était attendu sur cet événement majeur pour la ville. Saurait-il concilier décroissance et croissance, watts et ouate, CO2 et O2 ? La première soirée, mercredi 8, a été un beau moment, émouvant, profond, avec une jolie foule au rendez-vous de créations artistiques pour la plupart très réussies. Et de belles surprises à Saint Paul et Saint Jean. Pour l’avoir entièrement parcourue du parc de la Tête d’Or à la cathédrale par Bellecour, Terreaux, Célestins, Jacobins, République, Bourse, cette fête à sa personnalité. Toute nouvelle ! Bravo.

Photo ci-dessus : La rivière, création de Cédric Le Borgne

Lumignons du cœur, place des Jacobins

L’organisation aussi était au rendez-vous, avec un fléchage efficace et lisible. Dimensionnée pour les deux soirées de folie de vendredi 10 et samedi 11 et un peu surdimensionnée pour le début de cette fête à l’entrée du Parc de la Tête d’Or.

Visites guidées : il reste quelques places pour nos visites guidées, réservez vite.

Circuit conseillé de visite : Notre circuit exclusif avec plan sur votre téléphone

Cathédrale Saint-Jean, notre coup de cœur absolu

Saisissante dans sa mise en œuvre sur la marmoréenne façade de la millénaire cathédrale, la simplissime idée d’utiliser son immense rosace se révèle d’une efficacité narrative, poétique, philosophique d’une très grande profondeur. Les artistes du collectif AV EXTENDED jouent de cette rosace comme Ivry Gitlis jouait du violon, pinçant, frottant, labourant nos cordes les plus sensibles de leur archet de lumière.

L’iris de vitrail de la rosace pulse, déversant son lait coloré dans toute la façade, le rebuvant, l’absorbant, le redonnant.

Puis la lumière vient de l’intérieur du vaisseau de pierre et jaillit dehors, sur nous, par cette ouverture diaphragme.

Puis la lumière promène un faisceau presque inquiétant, comme d’un mirador. Pourtant, c’est autre chose. C’est un regard vert. Ce sont les paupières de lumière intérieure qui parlent aux nôtres. Nos yeux sans masque.

Si vous deviez voir une seule animation cette année, allez place Saint-Jean. Ou mieux, terminez votre soirée ici, sous l’œil de lumière de la cathédrale.

Iris, par le collectif AV EXTENDED – Place Saint-Jean

Gare Saint-Paul, notre coup de cœur plaisir fraîcheur

Jeune et fraîche, ludique, cocktail de fruits, l’animation sur la façade de la gare Saint Paul est joyeuse, gaie, fraîche. C’est une création issue des Rencontres Audiovisuelles des Hauts-de-France. Dans le langage de ces nouveaux métiers au frontières du numérique et de l’événementiel patrimonial, c’est du « vidéo mapping ». Surtout, on est dans un langage contemporain qui mixe nos cultures consoles de jeux, tablettes, BD. Un délice !

Nouvelle vague par des artistes de Rencontres Audiovisuelles — Gare Saint-Paul

Bourse, notre coup de cœur élastique

C’est la danse des cerceaux. Quelle belle idée ! Simple et élégante. Qui remplit les cœurs d’enthousiasme pour la beauté du mouvement. Des anneaux qui montent et descendent félinement, et indépendamment. Un cône de lumière comme un vase. Puis comme une tulipe. Comme un coquetier. Sur une musique battante et sanguine et chorale de YO. L’animation est le fruit du travail de jeunes designers et du chez d’orchestre lumineux Alexandre Lebrun. Magnifique !

Vortex-1 par Lightlab Creative (conception lumière) et YO (conception musique) — Place de la Bourse

Bellecour, notre coup de cœur éolien

Une foule de drapés tendus autour de la statue de Louis XIV, fasseyant dans la brise, trempés de couleurs unicellulaires dérobées au feuilleté de l’arc-en-ciel.

C’est une animation qui se mérite, il faut bouger pour la découvrir. Rôder autour. La renifler. Prendre du recul sur la place. Aller à ses quatre coins. Essayer des points de vue différents. S’abstraire de la grande roue qui l’écrase, comme cette place gigantesque. C’est une affaire de perspective, proche et éloignée. Fourvière, posée dessus ou dedans donne une nouvelle image emblématique de Lyon. C’est une animation très peu intrusive, caressante. Comme des préliminaires à l’amour.

La Vague par Sébastien Lefèvre (lumière) et Jocelyn Mienniel (musique) — Place Bellecour

Tête d’Or, notre coup de cœur osier

Féerique, lutinienne et lutinien, on se croirait dans le jardin de la maison de Bilbo, au tout début du Seigneur des anneaux. Le plus touchant sont ces paniers, ces cônes, ces formes fabriquées à la main, dans de l’osier. Ils sont éclairés avec grande douceur. Comme des veilleuses pour une chambrée nombreuse, de tous les âges. Elles s’offrent sur le chemin le long du lac endormi. On marche main dans la main, les cœur à bicyclette.

La créature du lac par Nicolas Paolozzi / Création sonore : Baptiste Martineau — Parc de la Tête d’Or

Les autres animations

Phénix par Julien Menzel / Son : Damien Reynaud — Place Louis Pradel

Frame Perspective par Olivier Ratsi (lumière) et Thomas Vaquié (son) — Place de la République

Belle fête des lumières 2021 !

Notre circuit conseillé 2021 avec carte Google maps « exclusive »

Programme fête des lumières 2021 : notre sélection et notre circuit conseillé

Programme, meilleures animations, parcours de visite pour ne rien rater, conseils éclairés, visites guidées.

Horaires

du mercredi 8 au samedi 11 décembre

  • mercredi 8 et jeudi 9 : 19h à 23h (beaucoup moins d’affluence ces 2 jours)
  • vendredi 10 et samedi 11 : 20h à minuit

Nos visites guidées pendant la fête

Nombreuses visites guidées Traboules Vieux Lyon et Croix-Rousse du mercredi 8 au dimanche 12 de 9h à 16h : Réservez ici vos visites guidées

Visites accompagnées de la fête : adressez-nous votre demande ici

Fête des lumières 2021 : retour à la normale et investissement des 2 grands parcs de la ville

La fête des lumières aura lieu normalement cette année, après sa quasi annulation de 2020. Oui, la fête aura bien lieu ! Ce sera le plus grand événement public gratuit du pays. La fête 2021 fera aussi place à 19 nouveaux artistes parmi les éblouissantes animations « classiques » des grands lieux historiques de la ville.

L’originalité la plus excitante de cette fête 2021 sera d’investir les 2 grands parcs de la ville. L’immense et ténébreux Parc de la Tête d’Or avec 3 animations oniriques. Le Parc Blandan, au carrefour des 3e, 7e et 8e arrondissements avec une fête foraine. Premier pas de la nouvelle municipalité (verte) pour tenir sa promesse d’une fête des lumières plus accessible et ouverte à tous les habitants. Et de la décorseter de l’enclos où les attentats de 20215 l’ont enserrée.

Dans cette longue page, nous allons vous donner :

  • la liste détaillée des animations les plus fortes et à ne pas rater,
  • l’itinéraire d’un parcours de visite optimal en une (ou 2) soirée(s).

Circuit de visite conseillé et nos coups de cœur terrain

En 1 soirée : de la cathédrale Saint-Jean à la place des Terreaux. Si vous avez le temps, mais cela paraît juste, jusqu’au Parc de la Tête d’Or.

En 2 soirées : 1/ Parc de la Tête d’Or à la place de la République — 2/ Bellecour à Vieux Lyon

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Préparez encore mieux votre visite de la fête ! Recevez le jeudi 9 décembre notre reportage du 1er soir de la fête avec nos coups de cœur. Inscrivez-vous ici :

Circuit de visite fête des lumières 2021

Voici en Google Maps les principales animations et les itinéraires de visite que nous vous conseillons :

1 – Parc de la Tête d’Or, trois animations poétiques aux miroirs du lac et de la canopée

Trois animations ! Cela vaut le déplacement jusqu’au parc. Un gigantesque serpent dans le lac, des centaines de lumières dans la canopée, une pluie de ricochets devant l’île du souvenir.

L’onirisme et l’atmosphère envoûtante de ce lieu la nuit, ses immenses arbres, le miroir de son lac, autant d’atouts qui justifient amplement cette extension de la fête des lumières à cette nouvelle dimension.

La créature du lac

Artiste : Nicolas Paolozzi

Une grande bête à la « Loch Ness » de 70 mètres de long émerge du lac et vient à la rencontre du public arrivant par la fameuse Porte des Enfants du Rhône.

Vegetal’lum

Artiste : Erik Barray

Des nids, des vanneries en osier, d’autres objets quelques peu Harry Potteriens pulsent de douces variations dans les branches des arbres, parmi les allées du Parc. Un spectacle et surtout une déambulation qui s’annonce fort poétique, contemplative. De la sérénité.

Vegetal’lum, Erik Barray

Ricochets, par Jérôme Donna et la Direction de l’Éclairage Urbain de la Ville de Lyon

Artiste : Jérôme Donna

C’est un souvenir d’enfance, raconte Jérôme Donna, qui lui a inspiré cette animation qui s’étendra sur 150 mètres de largeur. A la fois horizontalement sur le tain noir de l’eau du lac et verticalement sur les arbres de l’île du Souvenir. Des centaines d’anneaux parcourus d’ondulations lumineuses dessineront dans la nuit une pluie de ricochets.

On connaît bien Jérôme Donna, il nous a déjà enchanté avec son équipe de la Direction de l’Eclairage Urbain de la Ville de Lyon en 2012 avec des Poissons nageant sous les Voûtes de Perrache.

Ricochets, une animation à ne pas rater !

2 – Berges du Rhône (entre pont Morand et Parc Tête d’Or) — Carpe(s) diem

Artiste : Cédric le Borgne

Les carpes ! Ces grands poissons plein d’écailles, d’arêtes, au goût de vase. Il vaut mieux les contempler quand elles nagent que les mettre dans son assiette, même accompagnées de crème, comme on les cuisinait dans la France d’avant Grand Frais et Toupargel. Il vaut bien mieux qu’elles continuent leurs tranquilles déambulations dans les eaux profondes des étangs et des lacs et dans nos imaginaires, symbolisant le calme, la paix, la sérénité, le temps qui passe et les années. Vous marcherez vers le Parc de la Tête d’Or en leurs silencieuses et reposantes compagnies, au-dessus de vos têtes. Derrière la beauté de leurs ballets dans cette fête des lumières, le propos de Cédric le Borgne, l’artiste qui les a imaginées, est de parler du danger qui menace le vivant sur cette planète. Cédric le Borgne réinstalle souvent le règne animal sous cette forme dans l’espace de la ville. Visitez son travail de création artistique sur Instagram @cedricleborgne.art ou sur son site web cedricleborgne.com C’est tout simplement puissant.

La rivière (simulation), œuvre de Cédric le Borgne sur les Berges du Rhône entre le pont Morand et le parc de la Tête d’Or

3 – Place Louis Pradel — renaissances du grand oiseau de feu

Artiste : Julien Menzel

Des nombreux oiseaux sont en voie de disparition. Reviendront-ils ? C’est ce que « Phénix », l’optimiste titre de cette œuvre laisse entendre… qu’ils pourraient renaître de leurs cendres sous forme d’oisillons et vivre à nouveau des milliers d’année. En tout cas, l’œuvre imaginée par Julien Menzel joue avec le temps et le mouvement, la poésie et la méditation. Et avec l’espace ! Gigantesque : 15 mètres sur 10.

Phénix (simulation) par Julien Menzel

4 – Place des Terreaux — Le Lapin dans la Lune

Artistes : Renato González-Gutierrez et Sarah Matry-Guerre

Il y a ce couplet d’un merveilleux baladin :

Le lièvre, un beau jour, très loin s’en alla
Et sur la Lune, il bâtit son toit
Il court depuis, là-bas sans inquiétudes,
Là-haut dans une ride de la Lune
Dieu sait qui me le raconta

Angelo Branduardi, Les rides de la Lune

Il y a un conte aztèque raconte qu’il y a un lapin qui vit sur la Lune. C’est donc une équipe mexicaine qui anime l’immense façade du Musée des Beaux-Arts, place des Terreaux, ainsi que celle de l’Hôtel de Ville : Renato González-Gutierrez et Sarah Matry-Guerre. C’est une parabole sur la capacité de pouvoir donner aux autres.

Avec la Cathédrale Saint-Jean, la place des Terreaux, est l’un des principaux lieux de la fête des lumières chaque année. À voir absolument.

ENTRÉE RÉGULÉE : C’est aussi avec la Cathédrale Saint-Jean une animation à entrée régulée pour éviter les mouvements de foule : il faut attendre qu’on vous laisse entrer à la fin de chaque replay de l’animation, environ toutes les 15 minutes.

Le lapin dans la Lune (simulation) (c) Renato González

5 – Jeune création à Sathonay, Martinière et Saint-Paul

Nous enchaînons maintenant 3 sites dédiés à des créations réalisées par des jeunes, parmi lesquelles et lesquels les artistes de demain.

Place Sathonay, 22 créas

Sur cette place, 22 animations crées par des étudiantes et étudiants en art, architecture et design. Elles ont été sélectionnées parmi des dizaines et des dizaines de travaux étudiants réalisés sur la fête des lumières en 2021, mais aussi en 2020, puisque les travaux sélectionnés l’an dernier n’ont pu être présentés.

Lycée Martinière, 13 arches

Dans l’ancien cloître des Augustins qui est dans l’enceinte du lycée de la Martinière, 13 arches lumineuses créées pas des étudiants de l’Ecole Supérieure d’Arts Appliqués sise dans ce lycée et de l’ENSATT. L’occasion de découvrir ce cloître pas si connu, que l’auteur de ces lignes n’a jamais visité.

Gare Saint Paul, cap au nord

La façade de la gare Saint Paul accueillera une animation issue des Rencontres Audiovisuelles des Hauts-de-France. Un format court en vidéo mapping dans la lignée des nouvelles formes d’écriture en vidéo architecture, qui mixera dépaysement, environnement, imaginaire.

6 – Quai Romain Rolland — Caténaire dans la canopée

Artistes : Cathy Olive et Nosfell

C’est des points de vue intellectuel et artistique la plus ambitieuse des créations de cette Fête des lumières 2021. Qui plus est dans un non lieu, le quai Romain Rolland, coincé entre colline et fleuve, couloir et silo à voitures, lieu de transit, de passage où pas grand chose ne se passe, hormis le marché de la création les dimanches et les agapes canaille-cochonailles au bouchon Le Comptoir Chabert. Ce n’est toutefois pas un hasard si l’artiste Caty Olive l’a choisi pour soumettre son projet lors de l’appel à projets artistique annuel de la Fête des lumières, plutôt que de s’installer sur la frontale façade de la proche gare Saint-Paul.

C’est cette situation charnière qui l’a attirée. Le fleuve, la colline, et entre, ces arbres aux troncs qui se pèlent comme des clémentines. Arbres plantés par la main humaine au cordeau. Arbres des villes, arbres mobiliers urbains. Mais cela ne marche pas ainsi, démontre-t-elle en inventant cette perche lumineuse qu’elle pose dans les branches de la canopée. Perche qui est une toise, une mesure, c’est ce que signifie le [AB] du titre quelque peu crypté de cette création « [AB] géométrie variable », segment entre A et B, mesure qui d’un coup d’œil montre ce qui est hors de l’alignement, du rectiligne, de l’urbanisme. Donc, de ce qui échappe toujours quand bien même on veut la dompter cette nature, la normaliser, lui créer des chartes et des espaces protégés.

Et en écho à ce débordement végétal, elle a demandé à Nosfell de remplir cette promenade de sa musique, sur l’idée d’une traversée dangereuse dans une forêt. Vous ne connaissez pas Nosfell ? C’est un musicien à l’imagination intacte, qui fait du monocycle avec les voix et les cordes, un pudique retenu, à l’élocution limpide, sans buée romantique ni ésotérique. Une découverte.

Ne ratez pas Caty Olive et Nosfell, ne ratez pas cette traversée des arbres du quai de Saône !

[AB] Géométries variables (simulation) par Caty Olive

7 – Bas de la colline de Fourvière — Travail sur vitrail

Artistes : Benjamin Nesme et Marc Sicard

Cette année, fin de la couverture lumineuse de toute la colline. Seule une petite partie en bas, entre le palais de justice et le chevet de la cathédrale est mis en lumière. Cependant cette animation est visible depuis l’autre berge, rive gauche de la Saône, appréciable dans son ensemble. Elle l’est aussi et c’est une nouveauté intéressante en passant au pied des immeubles sur lesquels elle est projetée.

De 1 millimètre à 1 mètre : une gravure sur vitrail zoomée par 1000

Benjamin Nesme et Marc Sicard sont les auteurs d’une scénographie lumineuse de Chartres en Lumières avec des diapositives de verre projetées durant deux ans sur les quais et les lavoirs de la ville. Technique qu’ils vont rejouer ici, à Lyon, pour cette fête des lumières 2021.

Le vitrailliste Benjamin Nesme grave sur des plaques noires de 15 centimètres de hauteur des motifs dessinés à la main par Marc Sicard. Le dessin est ensuite projeté avec un facteur de grossissement gigantesque. Un millimètre sur la plaque fait un mètre sur la façade. L’ensemble de ces plaques — que pour le coup on peut appeler « tableaux » — forme une fresque lumineuse de 70 mètres par 20.

Une inspiration très classique. Trop ?

Pour cette animation «Visions», ils se sont inspirés du symbolisme présent sur les monuments majeurs empilés de bas en haut de la colline de Fourvière, le Palais de Justice (surnommé les 24 colonnes), la Cathédrale Saint-Jean, la Basilique de Fourvière, ainsi que celui du fleuve à ses pieds. L’agneau, la balance de la justice…

Fête des lumières 2010, la colline de Fourvière

8 – Cathédrale Saint-Jean — Iris : marmoréennes interprétations de ce qui (se) passe dans l’œil et la rosace

Artistes : collectif AV EXTENDED

Il y a le dedans, il y a le dehors. Entre les deux, dans une maison, c’est la fenêtre qui laisse passer la lumière. Dans une église, c’est le vitrail. Dans la cathédrale Saint-Jean, la fameuse grande rosace. Et dans vous et moi, ou dans votre chien ou votre chat, ou chez cette mouche, c’est l’œil. Plus précisément, l’iris. C’est le titre du polyptique en 7 tableaux qui sera projeté sur la marmoréenne façade de la cathédrale.

Cette œuvre composée par AV EXTENDED, collectif de musiciens, de graphistes, d’architectes, d’ingénieurs, explore donc la matière, la texture, la corporalité de cette lumière qui nous permet d’observer le monde, de le recevoir en nous, joue de ses facettes, de ses spectres, de ses rayons, scanne les différents types de vision. Voit-on la réalité ?

Avec la place des Terreaux, l’animation sur la Cathédrale Saint-Jean est une des plus emblématiques. D’ailleurs, comme aux Terreaux, l’entrée sur la place Saint-Jean devant la cathédrale est régulée. Vous arrivez en suivant les flèches de circulation par la rue Jean Carries, pour attendre votre tour rue Tramassac que la place vidée de ses spectateurs toutes les 10 minutes laisse entrer les suivants. Aux heures de pointe, vous risquez d’attendre plusieurs tours. Vendredi et samedi, venez soit très tôt, soit très tard.

Iris (simulation) (c) AV EXTENDED

9 – Place Bellecour — Départ de transat

Artiste : Sébastien Lefebvre

350 voiles, 80 mètres de long, 20 mètres de haut, on se croirait à Saint Malo, pour le départ de la Route du Rhum !

Tiens bon la vague et tiens bon le vent
Hissez haut ! Santiano!
Si Dieu veut, toujours droit devant
Nous irons jusqu’à San Francisco

Ce sera un spectacle contemplatif sur l’immense place Bellecour, l’ancienne place d’armes, ou chevaucha La Belle Cordière, surnom de Louise Labbé, autrice de parmi les plus poèmes de langue française :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie

Sébastien Lefebvre, l’artiste créateur de cette animation qu’il a intitulée « La voile », a déjà imaginé pour la fête des lumières une œuvre autour du vent. C’était il y a 11 ans, en 2010. Il s’agissait d’éoliennes installées berges du Rhône, nul n’avait protesté alors, ni Stéphane ni Xavier, mais depuis le vent a tourné ! Hissez haut ! Santiano ! Tiens bon la vague et tiens bon le vent…

La vague (simulation) par Sébastien Lefèvre

10 – Place Antonin Poncet — Tissage en transe

Artiste : Yasuhiro Chida

Une centaine de très long fils blancs couvre la place, et des moteurs les font danser, vibrer, remuer des reins dans une lumière bleu curaçao. Comme place Bellecour, c’est un spectacle contemplatif, poétique, souvent des plus beaux. Moins médiatique que sa voisine, la place Antonin Poncet a souvent accueilli des spectacles puissamment évocateurs. On ira le voir.

Aftereal (simulation) par Yasuhiro Chida

11 – Place des Célestins — igloo, igloo, il est des nôtres…

Artistes : Benjamin Petit et Marion Roche (LTBL)

Un dôme en forme d’igloo de 8 mètres de diamètre fabriqué avec des plaques triangulaires. Celles que l’on utilisait au tout début de la 3D et des jeux vidéos pour modeler des volumes. Ces plaques se jouxtent une à une, comme les cellules d’une ruche, et donc cela favorise les relations entre elles. Ces arêtes triangulaires sont parcourues d’influx lumineux dont l’intensité est commandée par des datas. In french, des données informatiques. Celles correspondant aux téléchargements pendant le confinement d’applications de télévidéo comme Zoom.

Son duo créateur explique dans le dossier de presse que « cette œuvre contemplative est une allégorie de ce que pourrait être un nouveau modèle social basé sur une coopération créative de tous les individus où le collectif prime sur l’individuel. » On peut aussi craindre que ce soit la métaphore naïve de ce fameux monde d’après, tel qu’il aurait pu être, irrigué de toutes ces belles idées que nous partagions via Zoom, confinés dans nos cellules. Des êtres humains triangulaires.

Synergetics (simulation) par Benjamin Petit et Marion Roche

12 – Place de la République, stroboscopes au carré

Artistes : Olivier Ratsi et Thomas Vaquié

56 cadres lumineux accrochés au-dessus du bassin place de la République alignés en 2 rangées. Le concept est rudimentaire, quasi brutal, nous verrons ce qu’Olivier Ratsi, plasticien réputé pour ses installations immersives jouant sur les perceptions, fait de ces dernières en chacune et chacun de nous.

13 – Rue de la République — ça plane et toïd pour moi

Artiste : Pitaya

Comme chaque fête des lumières, le ciel de la principale rue commerçante de Lyon, affectueusement surnommée rue de la Ré par les Lyonnaises et aussi les Lyonnais, sera décoré. Cette année, avec des planétoïdes conçus par Pitaya, un artiste familier de la fête des lumières. Ce sont des disques de métal fabriqués artisanalement, chacun étant donc unique. Ils contiennent des lampounettes LED qui cyclent avec douceur, comme Henri Salvador dans Un jardin d’hiver.

14 – Place de la Bourse

Création : Lightlab Creative et YO (son)

Comme une image vaut 1000 mots et qu’il est tard, presque minuit, la fête se termine bientôt, voici la simulation de « Vortex-1 » l’animation concoctée par une bande de jeunes designers et designeuses sous la férule éclairée du directeur de la photographie et designer Alexandre Lebrun. Pourquoi ce suffixe « -1 » accolé à « Vortex », nous le saurons peut-être devant ce tourbillon de formes lumineuses. Rappelons qu’un vortex est ce cône qui se forme dans notre lavabo ou notre baignoire quand nous ouvrons la bonde.

Vortex-1 (simulation) par Lightlab Creative

15 – Parc Blandan — La fête foraine aux enfants et aux familles

Horaires spécifiques : 18h à 22h — Transport en commun le plus proche : tramway T2 arrêt Garibaldi Berthelot

Voici une idée vraiment nouvelle à la fête des lumières, consacrer un espace aussi vaste que le permet un parc à des animations lumineuses à destination des enfants. Il y aura une dizaine de jeux, trampolines, Puissance 4, marelles et autres installations électroniques avec des animateurs pour organiser des jeux et de la restauration. Chouette idée.

Games of light (simulation) par le groupe LAPS

Bonne visite de la fête des lumières.

PS : Nos visites guidées des traboules Saint-Jean et Croix-Rousse sont ici : réservez vos places du jeudi 8 au dimanche 12 décembre.