Murs peints des quais de Saône et des pentes de Croix-Rousse – INFO : le mur des Lyonnais tagué

INFO : Le mur des Lyonnais tagué ! / UN CIRCUIT AVEC 4 MURS PEINTS, un escalier coloré, une fresque végétale. Dont le fameux Mur des Lyonnais à voir absolument. La balade mêle merveilleux quais de Saône et pentes de Croix-Rousse avec un sublime point de vue.

INFO SPÉCIALE : La Fresque des Lyonnais hélas bien ironiquement taguée

La célèbre fresque des Lyonnais — surnommée par les Lyonnaises et Lyonnais «la fresque des Lyonnais Célèbres» — a été taguée la nuit du 2 au 3 septembre 2023. Dans sa partie côté Saône, à l’endroit où Bertrand Tavernier est représenté avec sa caméra.

Ironie, elle l’a été avec un mot lyonnais lui-même très célèbre : le mot « Gone ».

Est-ce par l’un de ses propres gones ?

La mairie, la copropriété et CitéCréation, l’agence qui l’a réalisée, se penchent sur sa restauration. Sous 15 jours, est-il annoncé.

(photo d’avant le taguage)

Le circuit des murs peints des quais de Saône

Les murs peints de Lyon sont connus pour leur nombre, leur diversité et leur beauté. Créés en grande partie par la coopérative CitéCréation, ils font désormais partie du patrimoine de la ville. Quatre sont en bord de Saône, dont l’immense mur des Lyonnais. Un autre, végétal, et un escalier peint sur les pentes.

Mur peint des lyonnais célèbres, quai de Saône, Lyon 1er (croisement rue de la Martinière, quai Saint-Vincent)
Mur peint des lyonnais célèbres, quai de Saône, Lyon 1er (croisement rue de la Martinière, quai Saint-Vincent)

Nous vous proposons un circuit en deux parties :

  1. D’abord une boucle. Durée : une heure. Vous découvrirez quatre murs peints dont la fameux Mur des Lyonnais et l’immense Bibliothèque de la Cité.
  2. Puis une montée à travers un jardin vers la place Rouville avec un somptueux point de vue vers l’escalier coloré Prunelle et une fresque végétale.

On y va donc :


Mur peint des écrivains, quai de la Pêcherie

Mur peint des écrivains, Lyon
Mur peint des écrivains, Lyon, quai de la Pêcherie

On commence arbitrairement par le Mur des Écrivains, à l’angle rue de la Platière quai de la Pêcherie. Y figurent environ 300 écrivains lyonnais et des extraits de leurs textes.

Frédéric Dard, l’auteur de San Antonio, évidemment.

Louis Calaferte, l’auteur du sulfureux Septentrion, interdit sous Pompidou, de Requiem des innocents et La mécanique des femmes, et d’une œuvre de théâtre régulièrement jouée aujourd’hui, Miettes, Un riche, trois pauvres.

La poétesse de la renaissance Louise Labé :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Antoine de Saint-Exupéry et Le Petit Prince :

Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

 

C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui rend ta rose importante.

 

Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.

Saint-Ex est une star des fresques, on le retrouve aussi sur le mur des Lyonnais célèbres.

Jean Reverzy, auteur notamment de Le passage, résistant et déporté au camp de Mauthausen.

Hubert Mingarelli, un bel écrivain contemporain à la prose retenue, auteur de romans de pères et de fils, de marins, de soldats, Une rivière verte et silencieuse, Quatre soldats, Le Jour de la cavalerie.

Cette herbe poussait si vite que personne ne jugeait utile de couper une herbe qui aurait repoussé le lendemain. Elle commençait derrière les maisons et, me semblait-il, s’étendait aussi loin que la vue portait depuis le sommet du château d’eau. Mais je ne pouvais pas l’affirmer, car je n’étais jamais monté sur le château d’eau.

C’était une herbe mystérieuse.

Je pouvais marcher une heure sans rencontrer autre chose que ces herbes qui me dépassaient d’un demi mètre en hauteur, mais laissaient entrer la lumière du soleil, de sorte qu’il n’y avait rien d’effrayant à y marcher, même sur un kilomètre à l’intérieur.

Une rivière verte et silencieuse, Hubert Mingarelli, éd. du Seuil, 1999

Le pudique Charles Juliet révélé par son récit initiatique L’année de l’éveil porté au cinéma par Gérard Corbiau et dont le Journal (7 tomes à ce jour) chez POL est une des plus puissantes œuvres autobiographiques de la fin du 20ième siècle, Charles Juliet que l’on peut croiser se promenant dans Lyon.

« Les mots sont d’un emploi si facile que je les tiens en grande défiance. On peut en effet écrire les pires inepties sans qu’il y ait de sanction immédiate. »

Charles Juliet, Accueils, Journal IV, page 204

Remarquez au rez-de-chaussée de ce mur en trompe-l’œil trois boutiques et le facteur dans le porche. Juste à côté, une boîte aux lettres PTT, une vraie ! Et devant le mur, une chouette station Vélo’v.

Si vous avez envie de prendre un verre, vous avez l’embarras du choix avec des bars très sympas dans un rayon de 50 mètres et pas en trompe-l’oeil :

  • Ké de la Pêcherie, anciennement bar de la Pêcherie, magnifiquement placé face au mur peint, 1 Rue de la Platière
  • Le Broc’bar, avec une salle et une terrasse ombragée absolument formidables, un peu en retrait du quai, 20 Rue Lanterne

Les bouquinistes des quais de Saône

On traverse la rue pour aller sur le quai. Le week-end, on profite des bouquinistes installés là. Parmi le tout-venant quelques perles et aussi quelques personnages, nous vous conseillons celui qui est à l’extrémité sud, gouailleur et passionné de littérature contemporaine. Nous avons déniché chez ces bouquinistes des trésors : entre autres l’intégrale de Katerine Mansfield. Ça vaut le coup d’y passer un moment avant de descendre le quai vers le sud.

C’est à cet endroit entre la rue et le parking Saint-Antoine qu’il y a chaque mois de décembre le marché aux sapins. Odeurs d’épicéas et de Douglass garanties. Et également quelques scènes France profonde avec les fournisseurs de sapins ou certains acheteurs. Ca vaut le coup de se balader avec son appareil photo et son appareil olfactif.

On va jusqu’au pont Maréchal Juin pour traverser la Saône. Mais pourquoi donc tant de ponts lyonnais portent-ils des noms de militaires ? Nous pourrions en discuter lors d’une visite ensemble. Traversez avec prudence (les deux virages au bout du pont sont dangereux) et remontez au nord de l’autre côté, sous les platanes. C’est ici que chaque dimanche matin a lieu le marché de la création, essentiellement des artistes peintres qui exposent et vendent leurs tableaux. Les mauvais esprits raillent ces productions. N’empêche que le marché existe depuis des années et connaît un franc succès.

Mur peint de la cour des Loges

Le mur de la Cour des Loges
Le mur de la Cour des Loges

Nous voici vers la terrasse du bar le Rocambol. Vue sur la place et le palais du Change et, de l’autre côté de la Saône, l’église Saint-Nizier. Il manque aujourd’hui à cette perspective le pont du Change qui de 1020 à 1846 reliait les deux rives . Reconstruit après cette date, il a été détruit en 1976. Plus de pont aujourd’hui. On peut voir à quoi il ressemblait sur une reconstitution en ligne de l’ARIA un labo de recherche en architecture.

Depuis la terrasse, on a face à soi le mur peint de la cour des Loges. Ce mur est très habilement fait et si l’on n’est pas prévenu qu’il s’agit d’un trompe-l’oeil, on a toute chance de se … tromper et de croire qu’il s’agit d’un véritable échafaudage. S’y ajoute une mise en abîme qui piège le cerveau (le droit, le gauche ?) : cette bâche est-elle réelle ?

Au pied de ce mur, le glacier Nardone réputé à Lyon. L’été, c’est bondé. On vient là en famille s’offrir un plaisir partagé.

Deux bars que nous aimons :

  • Les Berthom, en contrebas de la petite place, un bar à vraies bières qu’on aime (les bières et le bar) avec une petite terrasse l’été et une salle gothique.
  • Le Rocambol avec sa belle terrasse.

Passerelle Saint-Vincent

On remonte ensuite le quai jusqu’à la passerelle Saint-Vincent, l’une des quatre passerelles sur la Saône. En traversant, on s’arrête au milieu pour profiter de la vue au nord sur un des plus beaux virages du fleuve et, côté Vieux Lyon, sur les belles façades du quai.

Si vous avez une petite faim, ne ratez pas la boulangerie en face de la passerelle. On s’y sent bien, comme dans un cocon, enveloppé dans des sensations et des parfums bien français. De l’autre côté des baguettes, flûtes et ficelles, vous arrivez au plus connu (avec le mur peint des Canuts à Croix-Rousse) des murs peints de Lyon  :

Mur des Lyonnais

(voir photo en haut de cette page)

Avec le mur peint des Canuts, c’est une des fresques à voir absolument à Lyon.

31 célébrités lyonnaises sont représentées là, sur 800 m² ! Oui, Madame, Monsieur, huit cent mètres carrés !

La liste des 31 lyonnais célèbres du mur
La liste des 31 lyonnais célèbres du mur

On vous les a mises ici pour que vous n’ayez pas à faire l’aller-retour entre la plaque qui les liste et le trottoir opposé où les contempler avec assez de recul. Parmi ces 31 :

  • Saint Blandine, la martyre ;
  • L’empereur Claude ;
  • Antoine-Marie Ampère, à qui l’électricité doit beaucoup,
  • Laurent Mourguet et surtout sa création : Guignol !
  • Antoine de Saint-Exupéry, mondialement connu pour Le Petit prince, auteur de Courrier Sud, Citadelle, Vol de nuit, Terre des hommes, pilote de l’Aéropostale vers l’Amérique du sud et disparu en mer pendant la deuxième guerre mondiale pendant un vol de reconnaissance ;
  • Les frères Lumière, industriels dont la contribution à la photographie puis le cinéma ont été déterminantes,
  • les populaires Bernard Pivot, abbé Pierre, Bernard Lacombe
  • Paul Bocuse, le grand chef lyonnais,
  • Frédéric Dard, le prolifique et gouailleur auteur de San Antonio, attablé au Pot Beaujolais, près de Bocuse
  • Bertrand Tavernier, à l’angle de la caméra, avec sa caméra, qui a notamment tourné à Lyon, L’horloger de Saint-Paul, et à qui ont doit de très nombreux films, Le Juge et l’Assassin, Coup de torchon, Capitaine Conan… Bertrand Tavernier toujours investi à Lyon et notamment président de l’Institut Lumière.
Trompe l'oeil en face du Mur des Lyonnais
Trompe l’oeil en face du mur des Lyonnais

Observez bien la fresque ! Vous remarquerez des effets saisissants de trompe l’œil. Par exemple les ombres des balcons. Ou un léger effet de cette brume qui monte aux matins d’automne de la Saône.

À l’opposé, angle rue Pareille et rue de la Martinière, on a un mur peint beaucoup plus discret. Il joue si bien du trompe-l’oeil qu’on ne le découvrirait pas si, à l’une de ses fenêtres, au premier étage, il n’y avait un personnage anachronique. Regardez tout en haut, au dernier étage, le chat à la fenêtre. Jouez à distinguer le vrai du faux.

Notre partenaire visitelyon.fr vous propose une magnifique GALERIE PHOTO de la fresque des lyonnais.

Mur peint Tony Tollet

La plupart des visiteurs du mur des lyonnais le rate ! Alors qu’il est juste en face, dans la rue Pareille.  C’est le plus récent des 4, inauguré en 2012, une création de plus de l’association Cité Création. Le making off est ici, nous vous le conseillons. Il est consacré à Tony Tollet, peintre lyonnais qui fut élève d’Ingres et prix de Rome en 1885.

Mur peint fresque hommage au peintre Tony Tollet
Mur peint fresque hommage au peintre Tony Tollet

Prolongation de la visite

On peut prolonger cette boucle par une charmante balade à flanc de colline de Croix-Rousse. Qui de plus offrira un point de vue inhabituel sur Lyon.

Continuez le quai Saint-Vincent jusqu’au passage Gouin. Au bout, prenez l’escalier. Vous allez monter en lacets à travers un jardin jusqu’à la place de Rouville.

Point de vue place Rouville

Vue depuis place Rouvile Lyon

Étonnante vue sur Lyon, de l’Opéra à Fourvière en passant par la « skyline » de la Part-Dieu.

Fresque vinyls de Keza place Rouville

Remarquable fresque street-art d’oiseaux chantournés dans des vinyles de Kesa, depuis 2014, qui récompense de l’effort d’être monté jusqu’ici. Elle est sur le mur qui fait l’angle avec le parapet.

Voir notre parcours street-art des pentes de Croix-Rousse et notre visite guidée du street-art à Lyon.

Escalier coloré Prunelle

Escalier coloré rue Prunelle, photo 2018
Escalier coloré rue Prunelle, photo 2018

L’escalier coloré de la rue Prunelle tient des murs peints et du street-art. C’est l’un de ces nombreux escaliers à flanc de colline dont on ne sait s’ils sont traboule ou rue. Il a été colorisé par des habitants du quartier avec Genaro Lopez, un directeur artistique, et l’aide d’une société de peinture dont le nom commence par Z.

Fresque végétale lumière

Mur de la Clinique Saint-Charles, rue de l’Annonciade, Lyon 1er

On descend la rue de l’Annonciade.

Fresque doublement zen sur le mur de la clinique. De par les photos paysagères world de Yann-Artus Bertrand. De par sa végétalisation. Fresque donc purement décorative, sans vocation identitaire ou historique. Son origine est presque paradoxale. Les propriétaires de la clinique, les Sœurs de la Congrégation Saint-Charles, lassées du tagage récurrent de ce mur, ce qui est courant des pentes, se sont adressées à la mairie qui à son tour s’est adressée à CitéCréation. Le caractère encaissé du lieu commandait une mise en lumière et ça tombait bien, c’est une spécialité de la ville. Les valeurs et les engagements des sœurs portaient sur le durable, CitéCréation a mis ce côté végétal et Yann-Artus. Depuis, finis les tags.

On peut terminer cette balade par exemple à la terrasse du glacier de la place Sathonay.

Belle découverte des murs peints des quais de Saône et des pentes.