Grandissime exposition photo « Genesis » du grand Sebastião Salgado à la Sucrière — jusqu’au 10 mai 2020

La Sucrière accueille Sebastião Salgado, un des photographes documentaristes les plus réputés au monde, connu pour ses photos N&B au rendu extraordinaire, ses sujets humanistes et naturalistes. Cette exposition « Genesis » présente 8 années d’exploration des sanctuaires restants de la nature et de visite des dernières tribus ancestrales de notre planète. Prévoyez des masques à oxygène, cette expo coupe le souffle.

De la belle photo ! De l’extraordinairement belle photo ! C’est ce que fait le mondialement réputé photographe Sebastião Salgado. Et qui plus est une photo des plus beaux sujets qui restent à voir sur cette Terre avant qu’ils disparaissent, engloutis par les dégâts et l’avancée de la civilisation techno. Ou bien en photographiant somptueusement la misère de son pays, le Brésil.

Photo Sebastião Salgado — Manchots à jugulaire sur un iceberg. Îles Sandwich du Sud. 2009.

Photo Sebastião Salgado — Manchots à jugulaire sur un iceberg. Îles Sandwich du Sud. 2009.

Une photo si belle que certains lui reprochent cette esthétisation qui pourrait laisser entendre que la situation n’est pas si dangereuse au vu de ces somptueux spectacles d’une nature magnifiée. Ou bien de rendre belle et d’exploiter commercialement la misère la plus noire. Ce qui serait d’autant plus curieux que Sebastião Salgado a d’abord été un militant communiste chassé en 1969 de son pays par la dictature, où il ne pourra revenir que 10 ans plus tard.

Pour vous faire votre opinion à vous, rendez-vous à La Sucrière jusqu’au 10 mai 2020 pour voir de vos yeux cette exceptionnelle exposition photographique de Sebastião Salgado, dont la beauté prend à la gorge.

Des lieux rares et un long travail d’identification des sujets en amont

L’exposition Genesis est en 5 parties qui couvrent respectivement l’Antarctique ; le cercle Arctique ; les derniers sanctuaires ancestraux de tribus, d’animaux, de plantes, en Papouasie, à Sumatra, Madagascar ; et enfin l’Amazonie.

Photo Sebastião Salgado — Nord de l’Ob. Cercle arctique, péninsule de Yamal. Sibérie. Russie. 2011.

Photo Sebastião Salgado — Nord de l’Ob. Cercle arctique, péninsule de Yamal. Sibérie. Russie. 2011.

Ces lieux extraordinaires qu’il nous montre ont d’abord été pourchassés par des détectives. Ceux de l’agence Amazonas Images qu’il a créée avec Lélia Sabago, son épouse, en 1994, après avoir travaillé pour Sygma, Gamma, Magnum. Ceux aussi d’experts et l’aide de l’UNESCO. Une enquête de trois ans.

Ce travail d’identification est dirigé évidemment vers les sujets qui lui sont chers, la beauté de la nature et la condition des gens pauvres de son pays. Il est né dans une ferme au Brésil, dans une fratrie de huit enfants.

Les photos de cette exposition Genesis ont été prises sur une durée de 8 années, à partir de 2004, en commençant par les Galapagos, durant une trentaine de voyages.

Photo Sebastião Salgado — Des Indiens waura pêchenr dans le lac de Piyulaga. État du Mato Grosso. Brésil. 2005.

Photo Sebastião Salgado — Les femmes mursi et surma sont les dernières femmes à plateaux au monde. Village mursi de Dargui. Parc national de Mago, près de Jinka. Éthiopie. 2007.

Le velours de l’argentique, la glose serrée du noir et blanc

Le secret de la fabuleuse et de l’unique beauté des clichés de Sebastião Salgado réside dans des choix assumés et à rebours de ce que l’on pourrait attendre d’un photographe du début du 21ème siècle et de nature.

Photo Sebastião Salgado — Parc national de Kafue, Zambie. 2010.

Photo Sebastião Salgado — Parc national de Kafue, Zambie. 2010.

Le choix du noir et blanc

Cela pourrait paraître contreproductif de ne pas choisir la couleur pour photographier les plus beaux sites naturels qui soient. Pourtant, les pros le savent le noir et blanc a bien des avantages.

D’abord, il apporte une lecture plus simple de la photo, plus « droit au but ». Ceci en guidant l’œil dans son interprétation de l’intérêt de la scène prise. En effet, en noir et blanc, tout se lit plus facilement dans un cliché, lignes de fuite, reliefs, formes, perspectives, jeux des lumières. Et Sebastião Salgado sait particulièrement jouer de ces lumières, à la manière d’un Caravage ou d’un De la Tour.

Par contre, le noir et blanc nécessite une sacrée technique et expérience. On n’en devient pas un champion en quelques semaines.

Dans la région du Haut-Xingu, un groupe d’Indiens waura pêche dans le lac de Piyulaga près de leur village. État du Mato Grosso. Brésil. 2005.

Photo Sebastião Salgado — Grandes dunes entre Albrg et Tin Merzouga, Tadrart. Sud de Djanet. Algérie

Le choix de l’argentique

Il travaille au moyen format Pentax 645, un appareil Reflex argentique doté d’un capteur deux fois et demi plus grand que le bon vieux 24×36… et ne parlons pas des capteurs de nos smartphones : le rapport est de plusieurs dizaines de fois plus grand. Et à la pellicule Kodak Tri-X ou T-Max P3200.

Le résultat est un rendu extraordinaire. On parle d’ailleurs du « mode Salgado » et il est connu pour sa technique qui optimise les gammes tonales et le dynamisme de l’image. Ainsi, on trouve sur le net des tutos intitulés « Joue-la comme Salgado ! »

Photo Sebastião Salgado — Des Indiens waura pêchenr dans le lac de Piyulaga. État du Mato Grosso. Brésil. 2005.

Photo Sebastião Salgado — Des Indiens waura pêchenr dans le lac de Piyulaga. État du Mato Grosso. Brésil. 2005.

Un bio photographe planteur d’arbres

Âgé aujourd’hui de 76 ans, il a fait des études en économie agricole et a travaillé pour la FAO avant de soudain passer derrière l’appareil photo en 1973. Cette sensibilité à la terre, à l’environnement, il en a fait un cheval de bataille non seulement dans le choix de ces sujets, mais aussi d’un engagement terrain. Il a créé une ONG de reforestation en 1998 qui a replanté plus de 2 millions d’arbres sur des milliers d’hectares. Et il a du pain sur la planche devant lui avec l’orientation politique actuelle de son pays. Son ONG travaille aussi sur l’eau, sur des programmes de formation. D’ailleurs, vous trouverez aussi la description de cela dans l’exposition Genesis.

En plus d’être une ode à la nature, Genesis est aussi un appel aux armes. Nous ne pouvons pas continuer de polluer le sol, l’eau et l’air.

Lélia et Sebastião Salgado

Exposition photographique Genesis, Sebastião Salgado

La Sucrière, jusqu’au dimanche 10 mai 2020, 49-50 quai Rambaud

Tarif adulte : 13€ — jeune : 8€ — gratuit moins de 6 ans

Toutes les photos de cet articles sont de Sebastião Salgado (dossier de presse)

Le monde de Steve McCurry, une grande expo d’un grand photographe à la Sucrière à Confluence

Qui n’a jamais vu cette photo emblématique de la guerre en Afghanistan ? Une des photos célèbres du 20ième siècle. Steve Mc Curry l’a prise dans les années 80 dans la camp de réfugiés de Peshawar, au Pakistan. Dans le regard de ces yeux, cette interrogation au monde.

Sharbat Gula, Afghan Girl. Peshawar, Pakistan, 1984. By McCurry – DR
Sharbat Gula, Afghan Girl. Peshawar, Pakistan, 1984. By McCurry – DR

Steve Mc Curry a beaucoup photographié l’Afghanistan. L’expo commence par une série de tirages en noir et blanc des années 79-80. Portraits de moudjahidines en armes au début de ce conflit. Le reste de cette expo offre 200 tirages couleurs de photos prises en Inde, aux USA, en Ethiopie, Chine, Koweit, Sri Lanka, durant 35 ans de carrière. On est subjugué par les regards, l’une des constantes du travail de Mc Curry. Par ses cadrages. Par certaines photos encore plus magiques telle ce cheval devant deux colonnes de pierre au-dessus d’un lac ou ces pêcheurs accrochés sur des perches ou ce piroguier qui pagaie une rame à sa jambe.

Portraits d’enfants, de vieillards, de femmes, d’hommes, portraits de guerre, portraits poétiques, toujours des portraits, avec derrière chacun d’eux une histoire, l’ensemble de ces clichés constituant un portrait de la grande histoire de ces années à cheval sur les deux siècles. Steve Mc Curry est passionné par l’humain et les cultures du monde, c’est ce qu’il nous donne dans cette expo si dense que l’on en ressort saturé de sensations, on ne pourrait en voir plus.

Un conseil, prenez l’audioguide, il est bien fichu même s’il ne couvre pas tout. Steve Mc Curry y raconte l’histoire de la prise de beaucoup de ses clichés.

Un autre conseil, venez tôt si vous choisissez le week-end. Il y a des queues extraordinaires.

Enfin, Lyon sera la seule ville française ou se tiendra cette exposition.

S’il fait beau, profitez en pour une balade avec notre parcours de visite de Confluence.

Queue à l'entrée de la Sucrière le 2ième dimanche de l'expo
Queue à l’entrée de la Sucrière le 2ième dimanche de l’expo

Le monde de Steve McCurry — du mercredi 6 février au dimanche 19 mai

La Sucrière, 49-50 quai Rambaud, Lyon 2ième

Fermée les lundis. De 10h à 18h sauf le week-end de 10h à 19h.

Tarif : 13€ adultes et 8€ pour enfants et étudiants.

Festival Septembre de la Photographie

Passionnant retour du festival Septembre de la Photographie de Lyon,

du 10 septembre au 15 octobre 2016

Arnaud Brihay, From on my road, 2008 - Galerie L'Abat-jour
Arnaud Brihay, From on my road, 2008 – Galerie L’Abat-jour

Il n’avait pas eu lieu depuis 2012 ! L’occasion de nous délecter et nous remplir de photos, en guise d’avant-goût d’un festival plus construit en 2017.

Cette année pas de thème général, seulement des rencontres et des expositions au gré des choix des lieux. Ils sont 13 dans la ville, des galeries bien sûr et des écoles : L’Abat-Jour, L’ Alcôve, galerie Françoise Besson, La BF 15, Le Bleu du Ciel, BLOO galerie, La galerie Elizabeth Couturier, L’Atelier item, La galerie Regard Sud, La Sucrière, Vrais Rêves ainsi que la Bibliothèque Municipale et l’École Normale Supérieure de Lyon.

Consulter le programme complet

Bon festival.